La vie dans les bidonvilles et les cités de transit est bien documentée, explique Inès Edel-Garcia, 26 ans, l’autrice du documentaire. Mais il est important de réactualiser cette histoire, surtout pour notre génération. Quand un espace urbain change, quand une cité est démolie, comme le sera bientôt celle des Potagers, souvent les habitants s’en vont. Capter les souvenirs avant la démolition interroge l’histoire de l’immigration et fait écho aux questions qui se posent encore aujourd’hui autour de l’accueil des exilés. »
Témoins au micro
Pour son reportage, la journaliste a donc interrogé d’anciennes habitantes de la cité des Potagers. Parmi leurs souvenirs : la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, à laquelle a participé l’une d’entre elles, alors qu’elle n’était qu’une petite fille. Quand les coups de feu ont éclaté, son père s’est jeté sur elle pour la protéger. Mais ce qui revient surtout dans leurs témoignages, c’est la nostalgie d’une vie rythmée par les fêtes pour l’indépendance de l’Algérie, le ramadan, les mariages. Au micro aussi, Mohammed, du foyer des Primevères, l’un des rares travailleurs algériens restés à Nanterre pour leur retraite. Sans oublier les libraires d’El Ghorba mon amour et le romancier Mehdi Charef, qui a grandi au Petit-Nanterre. Inès Edel-Garcia fera une visite du quartier, guidée par Alain Bocquet de la Société d’histoire de Nanterre. Son documentaire proposera des allers-retours entre passé et présent, récits de vie personnels et « grande histoire ». « L’une des dernières traces palpables de cette époque, la fontaine des bidonvilles, a été rapportée à Guemar, en Algérie [ville d’où étaient originaires de nombreux immigrés de Nanterre]. Pas sûr qu’un simple promeneur ait conscience de la richesse de cette histoire. C’est l’un des enjeux de ce documentaire. »
Diffusion le dimanche 8 novembre, à 12h10, sur Radio France internationale (13h10 en temps universel) dans l’émission « Si loin si proche ».