Vous êtes en poste depuis moins de trois ans. Quelles sont les principales orientations de l’office ?
Véronique Monge : J’ai pris mes fonctions de directrice générale de l’office le 1er décembre 2016. Le conseil d’administration m'a demandé un cap sur les 5 ans à venir. Il ne s’agissait pas de remettre les choses à plat mais plutôt de prolonger l’histoire de l’office construite sur plus de 60 ans. Il a fallu y inté-grer les dimensions nouvelles liés à l’évolution de la société et des attentes des locataires. Il est important de continuer à faire vivre les valeurs de solidarité qui sont les nôtres. Et ce n’est pas chose simple dans le contexte actuel de mise en cause du logement social ! L’office HLM de Nanterre est, et doit rester, un acteur majeur, incontournable et solidaire d’une ville en mouvement. En d’autres termes nous sommes un outil au service des habitants et nous devons le rester.
Comment cela se traduit-il ?
V. M. : Il y a plusieurs axes. Développer et entretenir un patrimoine de qualité est le premier, mais ça ne suffit pas. Dans un contexte en tension – la crise du logement frappe particulièrement en Île-de-France –, la satisfaction des demandes de mutation est devenue difficile. Sur notre patrimoine, ce sont 2 000 familles qui sont en attente d’un autre logement, soit 18 % de nos locataires, et cette demande ne cesse de grandir. Malgré les efforts en matière de construction, la capacité d'accorder des mutations est impactée par l’accroissement des relogements prioritaires imposés par la loi, DALO* notamment. Ce droit est lourd de conséquences pour la mobilité des locataires. En 2014, 40 % des attributions annuelles étaient des mutations. Aujourd’hui, ce n’est plus que 25 %. Logiquement, les délais s’allongent.
Comment traiter concrètement cette question des mutations ? Le barème que vous appliquez fait partie des solutions ?
V. M. : Les mutations ont toujours été prioritaires mais nous allons essayer de faire évoluer nos pratiques professionnelles pour des réponses plus adaptées et diversifiées. Parmi les premières mesures prises pour fluidifier le parcours résidentiel l’office a décidé de maintenir le loyer au mètre carré pour les locataires qui quittent un grand logement pour aller vers un plus petit. Ils sont assurés de disposer d’un loyer plus bas. Le barème, en place depuis plusieurs années, permet de prioriser les mutations en fonction de la situation. Parmi les critères, on trouve l'ancienneté, la composition familiale, ou le quartier demandé. Par exemple, une famille qui s'agrandit est avantagée. Dans un souci de transparence, nous publions, sur notre site internet, le barème des attributaires après chaque commission.
Nous devons également un service aux locataires sur cette question sensible de la gestion des mutations. Nous avons déjà mis en place depuis quelques mois une permanence téléphonique qui permet d’apporter des réponses aux locataires sur l’avancement de leur dossier. Sous l’impulsion de la nouvelle directrice à la gestion locative arrivée en juin, nous allons donner une place plus grande au suivi des demandes avec la création d’un service « attribution, mobilité résidentielle » et la mise en place d’un observatoire de la demande de mutation.
Y a-t-il d’autres leviers que vous avez actionnés ?
V. M. : Tout ce qui permet de regagner des marges de manœuvre est mobilisé : c’est dans ce cadre que nous avons manifesté notre souhait d’adhérer au dispositif Pack mobilité. Il est expérimenté depuis 2018 sur Paris et est aujourd’hui ouvert à toute la région. Il offre deux avancées complémentaires. La première est le protocole mutation qui permettra à l’office de récupérer des logements sur des contingents qui ne sont pas à lui (autres bailleurs, préfecture, ville, Action logement…) du moment qu’ils sont adaptés à une demande. Là encore, cela doit permettre d’accélérer les mutations en élargissant l’offre et apportant de la souplesse. Le second outil est la plateforme echangerha-biter.fr Ce volet est destiné directement aux locataires. Il s’agit d’une bourse d’échange de logements. Ce dispositif va aussi contribuer à fluidifier les mutations et permet aux locataires de devenir acteurs de leurs parcours résidentiels. C’est un vrai plus.