« S’il y a un sujet qui mobilise toute mon énergie et celle de l’équipe municipale, c’est bien la transformation des quartiers Parc Sud, Chemin-de-l’Île et Anatole-France. C’est un enjeu majeur pour ces quartiers bien sûr, mais aussi pour tout Nanterre. »
Vous venez d’évoquer l’office HLM de Nanterre, qui vient de se transformer en coopérative HLM. Quelle est la signification de ce changement ?
Une loi récente nous obligeait, soit à fusionner avec les offices HLM de Levallois, Puteaux et Courbevoie, soit à prendre la forme d’une coopérative pour garder notre autonomie. Nous avons opté pour la seconde voie. Et les trois autres villes ont partagé ce choix. À Nanterre, notre office gère plus de 10 000 logements. C’est près de 40 % de la population. Avec Hassan Hmani, qui préside Nanterre Coop Habitat, notre volonté est que ce changement de nom et de statut corresponde également à une évolution dans la relation aux locataires, notamment sur la gestion des demandes de mutations. Les règles doivent être mieux connues, les réponses plus rapides, et s’il faut mettre des mots sur ces évolutions, il y en a trois : transparence, équité, disponibilité.
Vous vous exprimez régulièrement sur la crise du logement en Île-de-France. Comment voyez-vous évoluer la situation ?
Elle se dégrade. Le nombre de demandeurs d’un logement social continue d’augmenter en Île-de-France. Nous connaissons les raisons de cette situation : les loyers dans le locatif privé sont de plus en plus inabordables, et trop de communes refusent de construire des logements sociaux, quitte à payer des amendes. C’est un sujet explosif. Je l’avais dit au président Macron lors de sa rencontre avec les maires après les Gilets jaunes. Mais il faut bien constater que rien n’a été fait à la hauteur de cette crise. Avec mon adjointe au logement, Samia Kasmi, nous poursuivons une action fondée sur la construction de logements diversifiés pour favoriser la mixité sociale dans tous les quartiers. Mais n’ayons pas l’illusion de penser que Nanterre peut régler seul un tel problème.
Malgré les nombreuses restrictions imposées par la crise sanitaire, vous avez organisé des concertations publiques sur différents sujets et projets. N’était-il pas préférable d’attendre la fin de la crise ?
Non. Pour nous, la participation des habitants aux décisions prises par la ville n’est pas une démarche accessoire. C’est encore plus vrai en temps de crise. Les réunions publiques n’étant pas autorisées, nous avons dû innover. Une première expérience de réunion publique en visioconférence s’est tenue sur un projet immobilier dans le quartier Vieux-Pont/Sainte-Geneviève : une quarantaine de personnes y ont participé. C’est très encourageant, et avec Alexis Martin, mon adjoint en charge de la démocratie participative, nous comptons bien développer cette forme qui attire d’autres personnes que lors d’une réunion dans une salle. Dès le mois de janvier, tous les conseils de quartier se réuniront sous la forme d’une émission en ligne avec la Radio Agora.
Sur ce même sujet de la participation, vous avez voté la création du conseil citoyen de la transition écologique lors du dernier conseil municipal. Quel est l’objectif de cette nouvelle instance ?
L’écologie est une priorité de ce nouveau mandat. Nous avons pris 27 engagements dans ce domaine, et nous les tiendrons. Le premier de ces engagements, c’est précisément la création de ce conseil citoyen. Il fallait commencer par là. Car comme l’a très bien expliqué mon adjointe à l’écologie, Servane Courtaux, nous avons besoin que les habitants s’approprient ces enjeux que sont la rénovation énergétique, le bio dans les cantines ou la lutte contre les pollutions. Le message que nous portons à Nanterre est que justice sociale et justice environnementale sont un seul et même combat. Nous l’avons d’ailleurs très bien illustré en faisant voter au dernier conseil municipal un nouveau dispositif d’aide à l’achat de vélos, présenté par notre conseillère déléguée Alexandrine Mounier, qui permettra à davantage de gens ayant de faibles revenus d’acheter un vélo.
Dans cette période, nous avons aussi parlé de sécurité à Nanterre.
Oui, et la municipalité se sent totalement concernée par cette préoccupation. Chaque fois qu’est commis un acte qui met en cause la tranquillité de nos concitoyens, nous le condamnons et nous intervenons en complémentarité de ce que fait la police nationale. Disons-le clairement : arrêter des délinquants, démanteler des trafics, enquêter, juger et condamner : c’est le travail de la police et de la justice. Ce sont même leurs premières missions. Ceux qui tentent de faire croire que les communes ont un pouvoir dans ce domaine mentent à la population. Pour autant, nous sommes un des acteurs de la sécurité de nos concitoyens et nous avons la volonté de renforcer notre action dans trois domaines : la prévention, la médiation et la verbalisation des infractions qui relèvent des pouvoirs de police du maire.
Comment se traduira cette volonté ?
Nous prévoyons le développement de la Brigade de lutte contre les incivilités avec 25 agents de police municipale et 25 agents de surveillance de la voie publique. Avec ces moyens nouveaux, la brigade agira plus efficacement sur les incivilités. Cela complétera l’action des agents de tranquillité publique la journée, et celle des médiateurs de nuit. Comme l’a annoncé mon adjointe à la sécurité, Nesrine Rezzag-Bara, nous allons également développer la vidéo-protection et la vidéo-verbalisation. Actuellement nous avons 56 caméras dans l’espace public. Cette année, 10 caméras supplémentaires seront installées. Toutes peuvent être utilisées pour vidéo-verbaliser. Ce dispositif a déjà été expérimenté place de la Boule et il a prouvé son efficacité.
Parmi tous les projets que l’équipe municipale mettra en œuvre cette année, quel est celui qui vous tient le plus à cœur ?
S’il y a un sujet qui mobilise toute mon énergie et celle de l’équipe municipale, c’est bien la transformation des quartiers Parc Sud, Chemin-de-l’Île et Anatole-France. C’est un enjeu majeur pour ces quartiers bien sûr, mais aussi pour tout Nanterre. Et croyez bien qu’avec les trois élus en charge de ces quartiers, Ousman Diaby, Kader Selmet, et Clémence Lacot, nous voulons absolument que cette année 2021 permette des avancées majeures. C’est indispensable. À l’échelle de la métropole de Paris, nous ne pouvons pas accepter que des quartiers entiers continuent de souffrir de l’absence de mixité sociale, du manque de commerces et services de proximité, ou d’une mauvaise image. Ce n’est pas une fatalité. Ce que nous avons réussi au Petit-Nanterre montre qu’on peut inverser la tendance et redonner de l’espoir. C’est bien le sentiment de relégation qui favorise cette forme de « séparatisme » social et territorial dont il est si peu question. Dans ces trois quartiers, malgré les difficultés, nos projets avancent. Nous avons récemment présenté les nouvelles tours Aillaud. Les travaux du nouveau centre commercial des Fontenelles et du marché Picasso sont bien avancés mais il nous faut donner un coup d’accélérateur. Au Chemin-de-l’Île, la rénovation des logements Logirep est déjà en cours.
Si vous deviez résumer en quelques mots votre état d’esprit en ce début de nouvelle année, quels seraient-ils ?
Vigilant, confiant, constructif, combatif.