Dossier / Économie-emploi

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Priorité aux êtres humains

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Propos recueillis par Olivier Ruiz

Rachid Tayeb
Rachid Tayeb
Adjoint délégué au développement
économique et commerce


En tant qu’élu délégué au développement économique, quel regard portez-vous sur le secteur de l’économie sociale et solidaire ?
Rachid Tayeb : L’économie sociale et solidaire (ESS), c’est un modèle économique qui privilégie le territoire local, qui donne la priorité aux personnes et à l’emploi plutôt qu’au profit. Vous le comprenez, ce secteur est pleinement dans les valeurs chères à Nanterre. C’est donc avec bienveillance et intérêt que je l’observe, et force est de constater qu’il existe une certaine créativité dans ce domaine, quels que soient les projets et leurs acteurs. J’en profite pour souligner la grande diversité des acteurs qui composent l’ESS à Nanterre : entreprises, associations, coopératives, etc. Le Mois de l’ESS, qui se déroule tout au long du mois de novembre, donne l’opportunité de les valoriser tous. C’est aussi l’occasion de montrer aux Nanterriennes et aux Nanterriens que l’ESS répond de manière très concrète à un certain nombre de besoins non couverts par l’économie de marché : qu'elle est donc précieuse et utile.

Quelle place occupe-t-elle dans la politique de développement économique menée par la ville ?
R. T. : Avec plus de 4 000 emplois et 400 établissements à Nanterre, l’ESS est un moteur pour l’activité économique et pour l’insertion durable dans l’emploi des Nanterriens. En ce sens, elle constitue un levier qui participe véritablement à la construction d’un territoire solidaire et résilient. L’épisode sanitaire que nous avons traversé nous en offre d’ailleurs une belle illustration : les structures de l’ESS ont globalement adapté leur modèle économique et diversifié leur offre avec succès. La « débrouille » a toujours été dans l’ADN de ces acteurs, de même que leur capacité à s’emparer des grands enjeux de notre époque, comme la transition écologique et alimentaire, la solidarité. Ils participent activement à la relocalisation de l’activité et à la mise en place de circuits courts. L’ESS est une voie pertinente pour réfléchir au modèle de développement économique que nous souhaitons pour notre ville.

Quels sont les leviers que la ville utilise pour accompagner l’ESS ?
R. T. : D’abord, il est nécessaire de souligner que les initiatives issues de l’ESS sont avant tout complémentaires aux activités de l’économie de marché, et la politique de la ville en la matière n’a absolument pas vocation à changer. L’objectif est davantage de travailler à un équilibre entre la typologie d’acteurs et de secteurs d'activité, tout en facilitant l’interpénétration de ces deux « mondes » que sont l’économie de marché et les acteurs sociaux et solidaires. Au-delà du discours, cela passe très concrètement par la mise en réseau d’acteurs et la création d’espaces de rencontres et d’échanges. La matinée de rencontre que nous organisons le 16 novembre prochain en collaboration avec le Crédit coopératif s’inscrit précisément dans cette logique. Un autre levier que mobilise pleinement la ville est l’orientation de sa commande publique vers l’achat responsable en direction des structures de l’ESS du territoire. C’est par exemple le cas des travaux d’entretien des espaces verts et des espaces publics réalisés par des salariés en insertion de la Régie de quartiers. Enfin, l’accès au foncier, cher en région parisienne pour les structures de l’ESS, est également un enjeu dont la ville s’est saisie depuis longtemps. Elle leur propose un accompagnement immobilier, de l’installation au changement d’échelle, en activant son patrimoine privé ou en s’appuyant sur des montages innovants selon les cas.