Nanterre se souvient

NANTERRE SE SOUVIENT / 27 MARS 2002

Deux mille personnes se recueillent

Écrit par : Olivier Ruiz

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Le dimanche 27 mars 2022, Patrick Jarry, maire de Nanterre, et Jacqueline Fraysse, maire à l’époque du drame ont pris la parole. Laurent Hottiaux, préfet des Hauts-de-Seine, était présent.
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Le parvis de l’hôtel de ville a accueilli plus de 2 000 personnes pour la commémoration des vingt ans de la tuerie de Nanterre. Une cérémonie émouvante et digne.

Le souvenir du 27 mars 2002 est bien vivant. Autour des victimes et de leurs familles, des élus, des représentants officiels, la foule des anonymes en a témoigné en se rassemblant, dès 15h, ce dernier dimanche ensoleillé de mars 2022. « Ce drame fait partie de l’histoire de la ville, mais c’est aussi notre histoire », estimaient, avant que la cérémonie ne commence, d’anciens combattants réunis au milieu d’autres militants associatifs très concernés également : « On a tous été touchés, on a tous été blessés ». Des Nanterriennes et des Nanterriens confient leurs ressentis : « Je voulais être là avec eux », « Ça restera toujours ancré dans notre esprit », « J’ai vécu ça comme un geste contre la démocratie, ça réveille beaucoup d’émotions », « Je ne sais pas exactement pourquoi je suis venue, mais il fallait que je sois là »
Dans une atmosphère de grand recueillement, peu après 16h, la cérémonie a débuté par le discours de Jacqueline Fraysse, maire au moment des faits, retraçant dans le silence le drame, ses origines et ses conséquences qui résonnent encore dans la vie de tous ceux qui l’ont vécu. Elle a souhaité en tirer un enseignement pour notre société : « Mesurons bien que, par-delà nos différences, nous sommes tous des êtres humains […] Nous avons besoin d’être solidaires. Quels que soient les conflits et l’ampleur des obstacles à surmonter, il n’y a pas d’horizon, pas de solution dans l’escalade de la violence et des armes à quelque niveau que ce soit. […] Plus que jamais, il importe d’unir les voix des peuples et des nations pour chercher et pour trouver un chemin pour la paix. » Le public a apprécié sa « pudeur et sa retenue », rappelé son « attachement aux valeurs de la République » ou encore « le souvenir très fort » qu’il a gardé de la tragédie, sa « volonté de rendre hommage ».
Un grand violoncelliste, le chœur des élèves de l’école Balzac et du conservatoire interprétant plusieurs chansons, des comédiens de Nanterre-Amandiers lisant des messages de soutien reçus les jours suivant le drame ont offert de belles respirations. Isabelle Antonutti, historienne, a présenté le travail de mémoire qui lui a été confié (lire ci-contre). Les hommages aux victimes, en images ou en vidéo, ont aussi apporté leur part d’émotion. « J’ai des frissons en entendant les enfants chanter », « C’est bien, la présence de toutes les générations », a-t-on pu entendre, « La chorale était très touchante avec de belles chansons, adaptées à la situation, avec un ton optimiste. »
Puis le tour est venu pour Patrick Jarry, le maire actuel qui a lui-même vécu l’attaque, de prendre la parole. « Vingt ans. Vingt ans, mais pour nous c’était hier », a-t-il commencé, la voix teintée d’émotion. Nous avons poursuivi sans relâche le projet d’inscrire la mémoire de nos huit collègues dans le patrimoine commun de Nanterre […] Nous allons écrire une nouvelle page de cette histoire […] Nous allons baptiser ce parvis, place du 27-Mars-2002, où sera désormais domicilié l’hôtel de ville », a annoncé le maire avant de dévoiler en vidéo le projet de mémorial (lire ci-contre). Il « côtoiera de manière intime », la stèle « où seront gravés le récit du drame et le nom des 70 personnes qui y ont assisté. “Le printemps est inexorable” disait Pablo Neruda […] Alors, si la place du 27-Mars-2022 pouvait inciter les jeunes à continuer de s’engager pour leur ville […], ce serait le plus bel hommage, le plus bel héritage. »
Au terme de la cérémonie, le maire a dévoilé la plaque de la place et la stèle, accompagné de Jacqueline Fraysse et du préfet des Hauts-de-Seine, sous des applaudissements respectueux. Resté longuement débout, le public a été très touché, comme cette adolescente de 15 ans qui a « eu les larmes aux yeux. J’ai beaucoup aimé la lecture des lettres de soutien venues du monde entier, ça fait du bien de savoir ça ». Ou encore comme cette femme remuée par « un hommage rendu dans la dignité, plein de douceur, avec des discours apaisants »