Samia Kasmi, adjointe au maire déléguée à l’habitat et au logement
Lors de la dernière séance du conseil municipal, vous êtes intervenue à deux reprises, fermement, sur les questions de logement. La crise du logement existe depuis plus d’une dizaine d’années, pourquoi ces interventions maintenant ?
Samia Kasmi : Ma première intervention était la réponse à la question d’une habitante sur les attributions de logements sociaux. Aujourd’hui, la crise s’aggrave, notre exigence de transparence dans ce domaine doit rester au plus haut niveau. Je le répète, au service de l’habitat de la ville, chaque dossier est examiné individuellement, chaque situation est prise en compte par des agents du service public qui effectuent leur mission avec conscience et probité. Notre politique depuis près de quinze ans est de refuser de soumettre les Nanterriennes et les Nanterriens à l’arbitraire. Nous n’appliquons qu’un seul critère simple, objectif et vérifiable par tous : l’ancienneté de la demande. Depuis quatre ans, nous publions ces attributions chaque mois dans le magazine municipal par souci de transparence et, depuis le début de l’année, chaque demandeur peut suivre son dossier via une plateforme numérique (*).
Vous êtes également intervenue à l’occasion du vote sur des garanties d’emprunt apportées par la ville pour aider au financement de futurs logements. Pourquoi est-ce important ?
S. K. : Au-delà de cette délibération particulière, nous nous battons chaque jour – et nous en sommes fier·ère·s – pour construire de nouveaux logements, sociaux et abordables, pour que Nanterre reste la ville pour toutes et tous. Nous sommes la seule institution à financer le logement social : rien de la part de l’État, rien de la part du conseil régional, rien de la part du conseil départemental. À cela s’ajoute le fait que de nombreuses communes refusent encore et encore d’en construire. Toutes ces collectivités sont responsables de la crise et de son aggravation. La preuve ? Il y a cinq ans, quand de jeunes Nanterriennes et Nanterriens demandaient un logement social, un T2 ou un T3, ils attendaient en moyenne trois ans. Aujourd’hui, c’est six ! Oui, le délai a bien doublé en partie à cause de l’État qui a récupéré le contingent préfectoral, des logements que la ville attribuait auparavant.
Aujourd’hui, quelle est la situation du logement social à Nanterre ?
S. K. : Concrètement, Nanterre compte 21 369 logements sociaux sur son territoire, mais ce que l’on appelle le contingent de la ville, celui dont la ville a la maîtrise, n’en représente que 3 154, soit à peine 15 % de ce total. Avec un taux de rotation annuel d’environ 2 %, la ville ne peut proposer qu’environ 150 logements par an, soit 12 à 15 logements par mois, toutes typologies et tous quartiers confondus. Depuis de nombreuses années, nous avons fait le choix de construire des programmes qui mixent HLM et logement privé. Cela dit, si l’on doit donner une photographie du parc social actuel, il se divise en quatre catégories : les logements des années 1950-1960 au Petit-Nanterre, aux Provinces-Françaises, à Berthelot ou encore au Vieux-Pont ; les grands ensembles des années 1960 à 1980 produits par l’établissement public qui gère La Défense, comme les tours Aillaud ou celles du Chemin-de-l’Île ; les logements, environ 1 700, des années 1980 portés par les maires de l’époque dans les quartiers moins dotés en HLM, au Centre et au Mont-Valérien ; et, dernière catégorie, ceux construits depuis 2010 (environ 3 000 jusqu’à 2021) dans des programmes mixtes dans tous les quartiers. Les deux dernières catégories, fruits d’une politique municipale volontariste, correspondent aux besoins d’aujourd’hui et ont largement la préférence des demandeurs mais ils ne représentent que 25 % des logements sociaux de la ville. Les deux premières catégories représentent la moitié des logements à attribuer. Vous comprenez les difficultés auxquelles nous devons faire face avec 3 000 demandes actives au service de l’habitat de la ville.
Quels sont les moyens d’action à l’échelle de la ville ?
S. K. : Nous nous battons sur tous les fronts : pour rénover l’habitat des quartiers populaires qui concentre les logements des première et deuxième catégories, comme nous l’avons fait au Petit-Nanterre et à Université, et comme nous le faisons au Chemin-de-l’Île et au Parc Sud. Nous nous mobilisons à l’échelle de la métropole pour que toutes les communes jouent le jeu, et le maire il l’a prouvé – n’hésite pas à intervenir au niveau national pour que la situation s’améliore. Nous allons poursuivre cette mobilisation dans les semaines qui viennent, nous ne baisserons pas les bras !
Propos recueillis par Olivier Ruiz
(*) Suivez l’avancement de votre demande de logement via la plateforme accessible en un clic sur la page d’accueil du site NANTERRE.FR