Le théâtre Nanterre-Amandiers s’apprête à vivre au rythme des mondes souterrains au gré d’une programmation de spectacles, d’installations, de conférences, de concerts et de projections.
Philippe Quesne, metteur en scène et directeur du théâtre, est à l’origine du projet Welcome to Caveland ! Il nous en dit plus.
Welcome to Caveland ! est le deuxième temps fort de la saison. Doit-on parler de festival ou de laboratoire ?
Philippe Quesne : Le terme de festival est assez juste pour définir Welcome to Caveland ! Pendant trois semaines, la programmation va explorer la thématique des sous-sols, des grottes et des cavernes au travers de formes très variées : des grands spectacles – Fever room, la performance cinématographique du créateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul ou encore L’Ile aux vers de terre de Cécile Fraysse pour le jeune public –, des installations, des conférences proposées par le Laboratoire d’expérimentation scientifique et artistique dirigé par Bruno Latour, une carte blanche à Radio Agora… Les taupes ne seront pas trop de sept pour guider le public dans ce dédale d’expériences !
Les taupes sont en effet les personnages totems du festival. Mais que cherchent-elles dans votre dernière création, La Nuit des taupes ? A fuir un monde devenu trop inquiétant ou à en explorer un nouveau ?
Ph.Q. : Je pense que c’est un peu des deux : une vie souterraine s’imagine à la fois comme tentative de protection et de résistance. Dans mes pièces, les personnages abordent avec candeur et poésie la relation à la menace. Or, la caverne me paraît être un lieu propice à la rêverie et le théâtre, une abstraction salutaire pour continuer à penser à soi-même.
Pourquoi avoir adapté La nuit des taupes en Après-midi des taupes pour le jeune public ?
Ph.Q. : Ces marionnettes géantes se prêtaient parfaitement à l’exercice. Mais j’ai craint que la version de La Nuit… ne soit un peu effrayante pour le jeune public. Pour autant, je ne voulais me priver du plaisir d’accueillir 400 enfants dans la salle transformable autour d’une version plus courte et plus resserrée. Parents et enfants peuvent ainsi partager un spectacle sans que l’exubérance des plus jeunes ne vienne perturber l’écoute, nécessairement différente, des adultes.
Voilà un peu plus de deux ans que vous êtes à la tête du théâtre Nanterre-Amandiers. Avez-vous l’impression d’avoir atteint votre rythme de croisière ?
Ph.Q. : Nous venons surtout de vivre deux années très intenses ! Avec, en point de mire, la volonté d’accompagner des artistes tout au long du processus de création, jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de livrer leur travail au public. Je pense notamment à Gwenaël Morin qui était sur le grand plateau en 2015 avec quatre pièces de Molière et qui a relevé cette année le défi de jouer Sophocle dans le parc André-Malraux aux premières heures du jour. Lorsqu’on fait le pari un peu fou d’ouvrir le théâtre toute une nuit – comme ce fut le cas en ouverture de saison – et que les spectateurs répondent à l’invitation, on vit des moments formidables ! Toute cette énergie ne fait que renforcer l’envie d’aller plus loin, avec les artistes mais aussi hors les murs.
Diriez-vous alors que le projet est à maturité ?
Ph.Q. : S’installer dans un théâtre demande du temps. En invitant largement les amateurs à monter sur scène, en proposant aux spectateurs d’investir tous les espaces et toutes les dimensions du théâtre, en accueillant les enseignants, les élèves, les étudiants, le jeune public… nous avons instauré un nouveau rapport à Nanterre-Amandiers. Le théâtre devient le lieu où toutes les possibilités d’être ensemble sont explorées.
Welcome to Caveland !
Du 5 au 26 novembre
Nanterre-
Amandiers
7, avenue Pablo-Picasso
Tél. : 01 46 14 70 00
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