Culture

MOUVEMENT

La conque change de peau

Écrit par : Isabelle Fruchard

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À quelques jours de parade(s), la conque a revêtu sa nouvelle parure. Ce sont maintenant les motifs aériens et colorés de Mari Minato qui vont intriguer et séduire les promeneurs.

Perchée dans la nacelle, à une dizaine de mètres de hauteur, une perche à laquelle est fixé un rouleau, tendue à bout de bras, Mari Minato trace les premiers motifs de rose et de bleu sur la surface concave. En bas, son associé, Baptiste François, guide ses gestes en se référant au dessin qu’il a en main. Mari Minato est la septième artiste à qui la ville confie le soin de peindre la conque, cet édifice monumental de béton brut, repère bien connu du parc des Anciennes-Mairies. Le titre de son œuvre, Nemeton, qui signifie sanctuaire pour les Celtes et pourrait être à l’origine du nom de Nanterre, fait référence au passé gaulois de la ville. Cette peinture aux formes évanescentes évoquant le féminin et le masculin, est librement inspirée d’une rosace d’ornement gauloise. « Mes sources d’inspiration proviennent des lieux dans lesquels j’interviens et de leur histoire, explique la jeune artiste d’origine japonaise qui a récemment laissé son empreinte géante sur la façade de verre de la maison Hermès à Tokyo. Pour la conque, je suis allée au musée de Saint-Germain-en-Laye dessiner des objets découverts lors de fouilles à Nanterre. J’ai retravaillé le motif de la rosace dans un sens plus abstrait, puis des formes se sont détachées, comme un profil de femme qui s’oppose au masque de théâtre grimaçant de la conque. C’est ce contraste avec une architecture assez rigide et massive que j’ai recherché. Quelque chose de léger, de dilué, en mouvement. » L’œuvre de Mari Minato a été choisie parmi cinq projets d’artistes présélectionnés par l’équipe de la Terrasse et le jeune comité de vie de l’espace d’art. Une première pour ce groupement composé de professionnels et d’habitants. Nemeton succède à Sens figuré de Charles Belle, qui représentait un épicéa au fusain, sorte d’écho aux arbres du parc. L’idée de transformer la conque en un immense tableau à ciel ouvert revient à Christophe Cuzin. Cet artiste a inauguré cette mise en valeur de l’édifice en 2011 et 2012 avec L’Onde. S’en sont suivis Centre de gravité d’Olivier Nottellet (2012-2013), Epidémental de Philippe Richard (2013-2015), Oya de Renée Levi (2015-2016), Nouvelle adresse de Claude Rutault (2016-2017) et Sens figurés de Charles Belle (2017-2019). Autant d’approches et de sensibilités très variées que le monument nanterrien n’a pas fini d’inspirer.