Le jazzman Hal Singer s’est éteint en août dernier à l’âge de 100 ans. Le saxophoniste américain a traversé le siècle en commençant sa carrière à New York, aux côtés des plus grands : Ray Charles, Duke Ellington, Billie Holiday… C’est dans les années 1960 qu’il s’était installé en France, après avoir rencontré sa femme, Arlette, lors d’une tournée européenne. Quelques années plus tard, le couple choisit de vivre à Nanterre, rue Stalingrad. Avec son manteau de fourrure et son grand chapeau, Hal Singer ne passe pas inaperçu dans le quartier. « Je me souviens de son allure quand il est venu jouer chez moi pour la première fois, nous raconte Jean-Marc Brisson, chef d’orchestre du big band Jazz potes de Nanterre. Il avait l’aura du joueur de jazz américain, il me racontait ses grandes heures avec un accent américain très fort. À aucun moment, il “se la jouait”. » Généreux et modeste, l’homme aimait partager son expérience avec les musiciens amateurs, avec qui il est monté à plusieurs reprises sur la scène de la Maison de musique.
« Un grand-père musical »
En 1991, Hal Singer est venu à la rencontre des jeunes Nanterriens dans le cadre de l’opération Cité Swing. Quarante adolescents l’ont vu débarquer dans une salle du quartier du Chemin-de-l’Île. Adrian Chaillou (au premier plan sur notre photo), alors âgé de 11 ans, s’en souvient parfaitement. « Cette rencontre a été décisive pour moi. À l’époque, je faisais du saxophone au conservatoire de Nanterre. Hal Singer m’a repéré car j’étais le plus jeune et il m’a pris un peu sous son aile. » L’opération Cité Swing s’est conclue par deux concerts, un au parc des Anciennes-Mairies et l’autre sur le parvis de la Défense. « Sans lui, je ne ferais pas de jazz aujourd’hui, confie Adrian Chaillou, devenu musicien professionnel. Il était une sorte de grand-père musical qui incarnait l’histoire du jazz, il avait un swing incroyable et livrait toute son âme dans son jeu. »