Il s’appelle Thomas Jolly, c’est l’un des metteurs en scène de théâtre les plus connus et reconnus de sa génération. Un créateur de spectacles hors norme, aux musiques étourdissantes et aux décors souvent grandioses. Il vient même d’être nommé directeur artistique des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. Cet acteur et metteur en scène de 41 ans a triomphé au Festival d’Avignon en 2014 avec Henri VI, spectacle fleuve de dix-huit heures autour d’une trilogie shakespearienne, et il s’est vu remettre le Molière de la mise en scène pour ce spectacle. En 2016, nouveau succès à Avignon, avec Le Ciel, la Nuit et la Pierre glorieuse, un feuilleton théâtral retraçant l’histoire du festival en 16 épisodes. Plus récemment, c’est lui qui a remonté la célèbre comédie musicale Starmania, à la Seine musicale.
L’une des récentes créations de cet artiste ultra-inventif sera présentée du 15 au 25 mars sur la scène du théâtre Nanterre-Amandiers. Il s’agit du Dragon, une pièce écrite en 1944 par Evgueni Schwartz, journaliste, écrivain, dramaturge et scénariste soviétique (1896-1958).
L’histoire : un héros vient délivrer une ville sous l’emprise d’un dragon régnant en despote depuis quatre siècles. Les autorités locales, complices et serviles, se plient à tous les caprices du monstre et lui livrent chaque année une vierge qui meurt de dégoût après sa nuit de noces. Mais le monstre n’est pas forcément celui que l’on imagine… Comme souvent chez Evgueni Schwartz, le drame endosse des allures de conte fantastique pour démontrer la nécessité de combattre l’oppression, en renvoyant parfois dos à dos nazisme et stalinisme. « C’est une pièce exigeante mais populaire, qui déploie un vrai univers visuel et sonore, tous ces ingrédients qui font le théâtre et qui m’intéressent », explique le metteur en scène (*). Un conte plein de noirceur, doublé d’une ironie féroce, mais surtout une réflexion sur la capacité du pouvoir à transformer ceux qui le détiennent et ceux qui le subissent, parfois volontairement.
(*) Source : interview France 3 Pays de la Loire, 11 janvier 2022.