Devant les camarades de sa classe, le jeune Kevan, élève de CM2, explique qu’à la Martinique, on danse la biguine. Pour parler de cette danse traditionnelle, le jeune garçon a rapporté des instruments de musique des Antilles et un tissu madras. « Ma mamie le portait sur sa tête, c’est elle qui m’a appris la biguine. » Kevan nous confie en aparté qu’il est content de partager ces pas de danse avec ses copains, c’est une façon de préserver le souvenir de sa mamie malheureusement décédée il y a quelques mois.
Comme lui, les élèves des classes de CM1 et CM2 de l’école Henri-Wallon ont été invités à présenter les danses traditionnelles de leurs aïeux. La petite Shahima brave sa timidité et se lance dans une démonstration de la reggada, une danse venue du Maroc qui se pratique avec un bâton les jours de mariage. Zsofia Pesovar, ethnomusicologue qui fait partie de la Compagne Système B, écoute les enfants et les filme avec son caméscope pour ne pas en perdre une miette. « Notre projet est de collecter les danses des quatre coins du monde pratiquées par les Nanterriens, nous raconte l’artiste. Nous avons commencé avant le Covid à l’école Henri-Wallon, ce qui a permis à des parents de venir faire des démonstrations à l’école, c’était très riche. »
Une série de rencontres à venir
La collecte va se poursuivre dans les prochains mois au sein des centres sociaux et auprès des associations nanterriennes. « En raison de la pandémie, nous avons dû reporter nos rencontres avec les habitants. Mais le déconfinement ouvre des perspectives, je suis heureux d’être en résidence à Nanterre, c’est une ville riche de sa diversité culturelle, soumigne Jean-Marie Nivaigne, le directeur artistique de la compagnie. J’ai envie d’étendre ma connaissance des danses et des musiques venues de l’Afrique, de l’Asie, des Antilles mais aussi des régions françaises. »
Quand le travail de collecte sera terminé, les musiciens et les danseurs de la Compagnie Système B proposeront des ateliers de création participative. À partir des danses et des rythmes traditionnels, les habitants et les artistes élaboreront de nouvelles danses qui seront présentées lors d’un grand bal des Nanterriens. Et Jean-Marie Nivaigne de conclure : « La résidence se termine au printemps 2023, nous espérons rencontrer le plus d’habitants possibles et d’ici à la fin de la résidence, nous proposerons plusieurs restitutions de ce travail participatif en cours. »