Grand-Angle : 27 MARS 2002

GRAND-ANGLE : 27 MARS 2002

Inscrire ce drame dans l’histoire des Nanterriens  

Écrit par : Catherine Portaluppi

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Honorer les disparus, soutenir les vivants, permettre le recueillement des habitants et contribuer au devoir de mémoire, tel est le sens des cérémonies prévues pour commémorer l’attentat perpétré le 27 mars 2002.

Privilégier le collectif et l’humain. Voilà ce qui a guidé Ghislaine Quilin et Pierre Creuzet, deux élus présents le soir de l’attentat, dans leur mission de préparation des commémorations. Chargés en octobre dernier par le maire, Patrick Jarry, de contacter toutes les personnes ayant vécu ce drame, ils ont recueilli leurs souhaits, fédéré leurs idées. « Il y avait une volonté de les écouter, d’entendre ce qu’ils avaient à dire », commence Ghislaine Quilin, qui était adjointe au maire au moment des faits. « Tous les groupes politiques de l’époque ont été endeuillés, raconte Pierre Creuzet, élu de l’opposition il y a vingt ans. On a senti à quel point, aujourd’hui encore, il était bouleversant pour tous ceux que l’on a entendus de revenir sur ces évènements. »

Une commémoration en deux temps a été pensée. « D’abord, une cérémonie intimiste, le samedi 26 mars, dédiée aux élus disparus, qui regroupera les familles de victimes, les membres du conseil municipal de l’époque et les employés communaux en service ce soir-là, précise Ghislaine Quilin. Ces huit personnes sont mortes pour la démocratie, pour les Nanterriens. » À 20h30, l’éclairage public s’éteindra durant huit minutes et chaque habitant est appelé à allumer une bougie, partout en ville. « La flamme qui s’élève est symbole de vie, éclairer la ville en leur nom est le plus grand honneur que nous pouvons leur faire, dans le silence et le recueillement », déclare Pierre Creuzet. Le dimanche, en public, la place du 27-Mars-2002 sera inaugurée. Un nouveau nom donné au parvis de l’hôtel de ville en mémoire du drame qui a bouleversé Nanterre. Une stèle sera aussi posée. « Il s’agit d’un hommage à l’ensemble du collectif, élus, fonctionnaires et public présent ce soir-là dont tous les noms seront inscrits sur une stèle. En souvenir de la solidarité qui nous a soudés pendant et après le drame », poursuit Ghislaine Quilin. Jacqueline Fraysse, maire lors de la tragédie, prendra la parole : « Elle a été incroyablement courageuse pendant toute cette période et nous a aidés à rester debout », se souvient Ghislaine Quilin. « On revenait tous les jours à l’hôtel de ville, sur les lieux de la tuerie, c’était très dur. » Patrick Jarry, maire de Nanterre, qui fut l’un des 19 blessés, prendra la parole et présentera un projet architectural à la mémoire des victimes. La lecture de témoignages suivra, en musique, « symboles de la solidarité venue du monde entier face à cette attaque contre la démocratie », conclut Ghislaine Quilin. Un travail de recueil de témoignages sera lancé par une historienne « pour faire acte de mémoire et inscrire ce drame dans l’histoire des Nanterriens », termine Pierre Creuzet.