Ils font Nanterre

Portrait

Docteur Marignale & Mister Dynamite

Écrit par : Guillaume Gesret

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© Claire Macel

Jean-Claude Marignale est une figure respectée dans le monde de la danse. Considéré comme un pionnier du hip-hop en France, le Nanterrien surnommé Mister Dynamite n’a cessé d’explorer d’autres danses pour exploser les codes de sa discipline.

Quand il débarque en Métropole à l’âge de 16 ans, Jean-Claude ne connaît pas grand-chose à la danse. « Moi, je venais de Pointe-à-Pitre et c’était le foot qui m’intéressait. D’ailleurs, j’ai joué avec les frères Boli en arrivant en région parisienne. » Un dimanche après le match, ses copains de vestiaire l’amènent au Bataclan pour participer aux après-midi dansants qui rameutent toute la jeunesse de banlieue. Nous sommes au début des années 80, le jazz rock est à la mode et le hip-hop balbutiant. « Je n’osais pas entrer dans le cercle, mais l’ambiance était géniale. J’y suis retourné tous les dimanches. » Au fil des semaines, Jean-Claude améliore sa technique et intègre une petite bande de danseurs. « On se retrouvait devant Beaubourg et au Trocadéro pour danser. L’été, on allait en Suisse. On ne passait pas inaperçu avec notre style vestimentaire étrange : on avait des pantalons de moine Shaolin et un k-way ! » Il commence en parallèle à donner des cours dans les MJC. « Je me souviens que sur ma fiche de paie, il était écrit : professeur de smurf. » Alors que le hip-hop explose, Jean-Claude a l’ouverture d’esprit de prendre des cours de danse classique avec une professeure formée à l’Opéra de Paris et des cours de danse moderne dans les tours de Pablo-Picasso. « J’étais le seul garçon… »

En 1991, il décide que la danse sera son métier. « Je démissionne d’un poste de magasinier et je me débrouille pour gagner mes 6 500 francs en cumulant les heures de cours. » C’est à cette époque qu’il entre au Forest Hill de Nanterre et qu’il crée son association Art of jazz pour organiser, entre autres, des voyages à New York avec ses élèves. « J’ai découvert l’école d’Alvin Ailey là-bas. Ce chorégraphe n’a pas cessé de m’inspirer depuis ce premier voyage. J’ai effectué une dizaine de stages dans son école de la 9e avenue. »

Danseur tout-terrain


À Paris, il devient un professeur sollicité par les meilleurs studios. Et, comme il habite toujours dans le quartier Anatole-France, il accepte de donner des cours de hip-hop aux jeunes de la maison Daniel-Féry. Ses copains danseurs l’appellent également de temps en temps pour danser sur les plateaux télé de Drucker, Ardisson, Lagaf’… « À l’époque, on me voyait aussi dans un clip des Nèg’Marrons ! » Et puis, un beau jour, il forme avec ses amis le collectif Jeu de jambes pour investir les théâtres. Durant les années 2000, ils joueront dans tous les grands rendez-vous de la danse urbaine (La Villette, Suresnes…) et surtout, la chorégraphe espagnole Bianca Li le repère et le « réquisitionne » dans deux de ses spectacles présentés au Châtelet.

Durant ces années, Jean-Claude Marignale chorégraphie l’adaptation française de la comédie musicale Hair, crée une revue pour les casinos Barrière, présente ses créations avec sa propre compagnie, anime des stages de jazz et de salsa partout en France et même en Europe. Cependant, le danseur, dorénavant reconnu, garde un pied à Nanterre. « Après un spectacle que je présente à la Maison de la musique, je rencontre Michel Nowak. Je n’avais jamais prêté attention à son chapiteau aux Arènes. Pourtant, à la fin de notre discussion, il me donne carte blanche pour mettre sur pied un festival… » Les Arènes de la danse et du cirque sont lancées en 2008 et, dans la confidentialité, le festival programme la crème de la danse. Cette année encore, du 17 au 20 novembre, Jean-Claude a joué de son carnet d’adresses pour inviter Meech, Phorm et bien d’autres…

Son implication nanterrienne s’est encore renforcée depuis qu’il a ouvert à la rentrée trois nouveaux cours à la salle Gavroches pour enseigner le hip-hop aux enfants et le modern’ jazz aux adultes. « J’avais envie de relancer une dynamique danse à Nanterre », explique-t-il. Décidemment, Mister Dynamite, comme on l’appelle, ne manque pas de projets ni d’envies !

Considéré comme un pionnier de la danse hip-hop en France, notre quinquagénaire était récemment invité à danser avec son groupe Original Magic Steps à La Place, le nouveau centre culturel hip-hop des Halles. Les jeunes générations de danseurs, qui triomphent aujourd’hui dans les battles, étaient présents ce soir-là. « Jean-Claude, on lui voue un immense respect. C'est un tontonde la danse hip-hop », conclut l'un d'entre eux.


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