Ils font Nanterre

Parc Sud

Un peintre dans les nuages

Écrit par : Guillaume Gesret

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Pascal-David Hennion réalise des œuvres à partir de clichés qu'il prend de sa fenêtre.

Pascal-David Hennion habite l’une des tours Aillaud depuis bientôt quarante ans. À partir des photos qu’il prend de son 38e étage, il réalise des « peintures » avec son ordinateur.

De son appartement dans une Tour nuage, Pascal-David Hennion surplombe la banlieue parisienne. Cette vue sur le paysage urbain ne le laisse pas insensible, lui, l’ingénieur des travaux publics passionné d’architecture. « Cet ensemble de constructions parfois ingrates peut donner quelque chose de très beau, non ? » Âgé d’une cinquantaine d’années, il prend des photos de sa fenêtre en forme de goutte et les malaxe à l’ordinateur. Avec un logiciel, il sature les couleurs, déforme les perspectives, pour obtenir une mosaïque où chaque pixel serait la touche du peintre. Certaines images, devenues très abstraites, font penser aux tableaux de Cézanne ou de Bonnard. « Je n’ai pas fait les Beaux-Arts mais je dialogue avec l’histoire de l’art moderne. J’ai beaucoup fréquenté les musées et parcouru les livres d’art. »
Pascal-David peint « depuis toujours ». La preuve, ses toiles s’entassent dans son studio déjà envahi par les livres. Cependant, jamais il n’a exposé ses œuvres. Une réserve qu’il essaie toutefois de conjurer ces derniers temps : « J’ai rencontré la responsable de l’espace d’art La Terrasse. Sa bienveillance m’a donné envie de lui montrer mon travail. » Sandrine Moreau l’a d’ailleurs encouragé à présenter ses œuvres à des galeristes et à des commissaires d’exposition.

Un amoureux des tours Aillaud
Cet homme, à la culture immense et qui a une haute estime de la peinture, mesure toutefois l’ampleur de la tâche qu’il s’est fixée, « ce que ne font pas beaucoup de ceux qui se croient peintres ». Et d’enchaîner : « Je cherche à partir de ma particularité, de mes failles personnelles, à atteindre un résultat singulier qui relève de l'universel. »
À travers ses œuvres, il ouvre en tout cas une nouvelle page de son histoire avec les tours Aillaud. « J’habite à la même adresse depuis 1978. J’ai vu l’évolution du quartier. D’ailleurs, à ce sujet, sa mauvaise réputation est nettement exagérée. » Ce personnage hors-norme, qui cite Bachelard au détour d’une conversation, qui a grandi en Afrique dans une famille d’intellectuels originaux, avec un père déporté résistant, appartient à cette mosaïque de visages des tours Aillaud. « Je suis entouré de voisins qui mériteraient, plus que moi, un article dans Nanterre Info ! »