Ils font Nanterre

Portrait

Lahcen Lupin : profession, comique !

Écrit par : GUILLAUME GESRET

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Lahcen Lupin trace sa route de sketch en sketch depuis une quinzaine d’années. La notoriété de l’humoriste Nanterrien a fait un bond avec son passage dans le Jamel Comedy Club.

Comme il aime le raconter, tout a commencé dans l’atelier théâtre d’un collège de Nanterre. « Je me suis retrouvé un peu par hasard dans ce cours à Joliot-Curie. La prof m’a confié un rôle dans Le roi Lear et j’ai joué devant mes camarades à la fin de l’année. J’ai pris mon pied comme jamais. » À l’époque, le jeune Lahcen (Kourkdane de son vrai nom) n’est pas vraiment le clown de la classe, mais il a déjà un regard aiguisé et amusé sur ce qui l’entoure. Ses « copains d’avant » l’ont peut-être reconnu lors de son passage sur Canal+ en avril dernier. Invité dans la très populaire émission de Jamel Debbouze, il a livré des extraits de son dernier one man show. « J’ai eu sept minutes pour donner un aperçu de mon univers, et ça s’est plutôt bien passé ! » Il faut dire que Lahcen Lupin n’est pas un perdreau de l’année. À 38 ans, il a déjà une belle expérience derrière lui. Son premier spectacle remonte à 2002. À l’époque, il monte sur scène avec son pote Wahib qu’il avait rencontré dans un cours de théâtre à Saint-Germain-en-Laye. Les deux amis forment le duo Wanted et leur spectacle s’intitule Délits d’humour. « On avait écrit des sketchs où l’on s’amusait de notre double culture franco-marocaine. On adorait être sur scène. Je me souviens qu’une fois on est resté trois heures devant le public. » Leur humour colle alors parfaitement à l’air du temps. Jamel, Gad Elmaleh, Éric et Ramzy sont les stars du moment. Alors, les deux jeunes hommes se lancent sans complexe à l’assaut de la capitale en participant aux scènes ouvertes du café Oscar, du Trévise ou encore du Théâtre du Temple. « On côtoyait tous les jeunes humoristes de l’époque : Fabrice Éboué, Mustapha El Atrassi, Thomas N’Gijol… C’était une période formidable. »

Succès au Maroc

C’est dans ces années qu’un producteur de la télé marocaine les repère et les invite à jouer un sketch sur les mariages mixtes en prime time sur la première chaîne du Maroc. Ce passage à la télévision leur ouvre aussitôt les portes d’une émission. Lahcen et Wahib vont écrire des sketchs pendant trois ans dans un programme où l’on retrouve Kamel le magicien et Abdel Alaoui qui deviendront plus tard chroniqueurs à la télé française. Quand l’émission s’arrête, la troisième chaîne marocaine leur commande une série quotidienne de dix minutes, à la façon d’Un gars, une fille. Les deux compères incarnent alors deux Français d’origine marocaine qui ouvrent une épicerie au « bled ». Une nouvelle fois, ils jouent avec les décalages culturels pour faire rire. Si le Maroc lui a offert ses plus beaux « plans », Lahcen n’a jamais tourné le dos à la France. Il est toujours retourné à Nanterre où il a conservé un pied-à-terre dans le quartier du Mont-Valérien. Les Nanterriens ont pu le découvrir à la Maison Daniel-Féry où il s’est produit une fois avec ses deux jeunes poulains, Mourad et Ouali, qui faisaient leurs débuts à ses côtés. Lahcen a également écrit des sketchs pour Abdel Alaoui qui avait sa chronique de cuisine dans une émission de Canal+. Puis, les téléspectateurs de TF1 l’ont vu dans un petit rôle de flic dans la série Falco. Et, comme la plupart des humoristes d’aujourd’hui, il a créé sa page YouTube pour diffuser des saynètes sur Internet. La vidéo Et si le verlan n’existait pasi lui a d’ailleurs valu un prix décerné par France Télévisions.

Retour en France

Dernièrement, Lahcen Lupin a présenté un one man show dans une petite salle à Paris. Pendant cinq mois, il a joué toutes les semaines le spectacle Lupin, un ami qui vous veut du bien dans lequel il enchaîne les vannes sans tomber dans les clichés faciles ou les stéréotypes. « Je ne suis pas vraiment un humoriste de stand-up. Je préfère me cacher derrière mes personnages. » Le « métier » reconnaît son talent et Lahcen a eu le droit à son passage au Jamel Comedy Club. « En quinze ans, j’ai vu le nombre d’humoristes exploser. Environ deux cents spectacles d’humour sont joués chaque semaine à Paris, ce n’est pas facile de sortir du lot dans ce contexte. » Bonne nouvelle pour lui, le Théâtre du Gymnase devrait l’accueillir à la rentrée !