Ils font Nanterre

Portrait

La relève des Noctambules

Écrit par : Guillaume Gesret

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Satchie Noro et Olivier Verzelen ont repris le flambeau de la compagnie de cirque les Noctambules depuis la disparition de Michel Nowak. Le duo donne toute son énergie pour préserver l’esprit des Arènes de Nanterre.

Quelques mois avant son décès, Michel Nowak alors gravement malade, avait réuni Satchie Noro et Olivier Verzelen pour leur demander de reprendre les rênes des Noctambules, de prolonger le chemin tracé depuis les années 1970. Le créateur de l’école de cirque des Arènes de Nanterre était convaincu que ce duo serait garant de l’âme des Noctambules. Et cela fait maintenant deux ans que Satchie et Olivier se montrent à la hauteur des attentes de leur « père d’adoption ». « Quand Michel nous a fait cette proposition, nous ne pouvions pas la refuser. Généreux et charismatique, il aimait transmettre son savoir et sa passion. Nowak entraînait tout le monde avec lui, il n’avait pas d’ego. Il offrait la liberté aux gens et les faisait grandir. »
Satchie et Olivier avaient une vingtaine d’années quand ils ont croisé la route de Michel Nowak. Ils ont d’abord été élèves de l’école de cirque avant d’entrer pleinement dans la grande famille des Noctambules. Olivier, étudiant à l’époque, se souvient qu’il terminait une thèse de physique. Au début des années 2000, Satchie était une danseuse confirmée, formée par les meilleurs professeurs de danse classique de Paris. À 16 ans, elle avait même été reçue à l’opéra de Berlin auquel elle a finalement renoncé après quelques mois. Elle a ensuite fréquenté les milieux alternatifs berlinois et new-yorkais, avant de poser ses valises à Nanterre pour accomplir une mission au sein du festival Parade(s). « Je faisais le lien entre les associations et l’équipe de Parade(s). C’est comme cela que j’ai rencontré Michel Nowak qui m’a tout de suite invitée à monter sur un trapèze. » À force de fréquenter le chapiteau des Noctambules, le cirque a pris une place de plus en plus grande dans leur vie respective. Satchie et Olivier n’ont plus quitté leur nouvelle famille et ce lieu emblématique de la ville. « Les Arènes de Nanterre sont uniques, c’est un lieu de liberté et de fraternité. » Un espace de création et de résidence artistique qui a accueilli à peu près tous les acteurs se réclamant de la scène du cirque contemporain en France.

Complémentaires et polyvalents
Les nouveaux directeurs des Noctambules assurent bénévolement leur mission avec passion et discrétion. Michel Nowak avait vu juste, Satchie et Olivier sont complémentaires et polyvalents. Olivier, le taiseux, assure la partie technique dans les deux chapiteaux alors que Satchie maîtrise les rouages de l’administration. Ils sont épaulés par deux salariés et une vingtaine de professeurs qui font tourner l’école de cirque. « Nous essayons de structurer l’association en proposant un cadre qui évite les débordements mais qui ne fige pas trop. Nous sommes attachés à l’esprit de liberté des Noctambules. » Le duo a également pris en main la direction artistique. Le mois dernier, la compagnie de Gilles Rhode était par exemple reçue en résidence dans la perspective de son spectacle au festival Parade(s). « Chaque année, une trentaine de compagnies effectue des résidences sous le chapiteau des Noctambules. Afin de valoriser les compagnies émergentes, nous organisons deux festivals, en octobre et en mars, aux Arènes de Nanterre. » En parallèle de leur engagement auprès des Noctambules, Olivier, 41 ans, et Satchie, 44 ans, poursuivent une vie artistique riche. Olivier fait partie de la prestigieuse compagnie des arts de la rue, Max et Maurice, qui est invitée dans tous les festivals depuis trente ans. De son côté, Satchie dirige sa propre compagnie de danse, Furinkaï. Elle a rencontré un formidable succès avec sa dernière pièce, Origami, qu’elle a jouée partout dans le monde. La danseuse a définitivement tourné le dos à la danse classique pour inventer une danse inspirée des arts circassiens. Aussi interprète, elle a travaillé ces dernières années pour de grands chorégraphes de danse contemporaine, comme James Thierrée, Alain Rigout ou Michel Schweizer.