Ils font Nanterre

Portrait

Sur la planète football

Écrit par : Guillaume Gesret

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Ce passionné de football rêve de devenir agent de joueurs professionnels. Assane Thiam a l’audace, le flair et le carnet d’adresses pour réussir dans ce monde très fermé.

Assane Thiam a le football dans le sang. Il a débuté à l’ESN à 5 ans et a été très vite détecté par le PSG, comme son frère d’ailleurs. Attaquant, il rêvait d’une carrière à la Benzema, son idole. Sa mère était sa meilleure supportrice. Mais le très haut niveau est extrêmement sélectif, et c’est à l’âge de 16 ans qu’Assane comprend qu’il ne deviendra jamais joueur professionnel. Le jeune Nanterrien se tourne alors vers le futsal et devient une pièce maîtresse de l’équipe du PSG. « Je peux dire que j’ai joué en ligue 1, de futsal certes, mais en ligue 1 quand même. » Malheureusement, une blessure le pousse hors des terrains et, à ce moment-là, il commence à s’intéresser au métier d’agent de joueurs.

Le tempérament et les épaules
Plusieurs amis, qui ont réussi à décrocher un contrat pro, l’encouragent dans cette voie. On retrouve d’ailleurs des Nanterriens devenus joueurs professionnels dans le lot : Waly Diouf (international sénégalais), Abdoulaye Diaby (FC Bruges), Moïse Adilehou (championnat grec). Mais aussi Mickaël Malsa, son meilleur copain, qui lui demande de l’aider à trouver un club à l’été 2015. « Nous avons grandi ensemble à Nanterre, on jouait sur le terrain que l’on appelle “Le béton”, derrière l’école Jacques-Decour. J’ai aidé Mickaël à passer du centre de formation de Sochaux au club d’Anvers en Belgique. » Ce premier transfert lui donne envie d’explorer le milieu des agents. Un monde sans pitié paraît-il, un milieu où le réseau est roi, qui a ses règles et son code d’honneur. Le jeune homme croit avoir le tempérament et les épaules. « Je n’ai pas froid aux yeux. Ma mère m’a appris à viser haut, à croire en ma chance. Je me dis toujours : Pourquoi pas moi ! » Devenir agent est une façon de vivre de sa passion. Un jour, alors qu’il marche sur le parvis de La Défense, Assane reconnaît un célèbre agent et décide de l’aborder. « J’y suis allé au culot, je me suis présenté et le courant est passé. » L’homme en costume travaille pour un grand groupe d’agents anglais et lui confie qu’il est justement « sur un coup ». Le joueur s’appelle Yassin Fortune, il évolue au club de Lens et plusieurs clubs anglais le veulent. Assane Thiam se porte volontaire pour jouer les intermédiaires entre le joueur et les écuries de Premier League. C’est le club d’Arsenal qui remporte finalement la mise. « J’avais tout juste 20 ans quand j’ai travaillé pour ce transfert, cette expérience m’a beaucoup appris. J’ai vu les pièges, j’ai compris que la négociation était dure et que ce métier demandait énormément d’audace et de conviction. »

Faire carrière au bord des terrains
Cette première réussite l’a définitivement détourné de ses études de droit entamées à l’université de Nanterre. Depuis, Assane projette de décrocher la licence d’agent de joueurs. Il a suivi la formation en ligne de l’École des agents de joueurs de football (EAJF) grâce à un financement de la ville de Nanterre, qui a débloqué 2 000 euros en signant avec lui un contrat nanterrien de réussite. En échange de ce soutien, le jeune Nanterrien organisait en avril dernier un tournoi de futsal lors de la Semaine de OUF. « Je me suis débrouillé pour attirer de bons joueurs et pour offrir des maillots et des tee-shirts de marque aux participants du tournoi. » Assane s’est inspiré des grands tournois de foot en salle en invitant un speaker et des freestylers qui ont fait le show lors de la journée. Cette expérience dans l’événementiel lui donne aujourd’hui des ailes pour mettre sur pied d’autres tournois. « J’ai des contacts avec une grande marque de sportswear pour créer un bel événement à Nanterre, j’attends des retours. »

Les racines au cœur
Assane voit grand mais n’oublie pas le quartier. « J’ai envie de faire rêver les petits des Pablo avec le football. » Il les voit tous les jours au collège Évariste-Galois où il assure le difficile métier de surveillant. Le mois dernier, grâce à son réseau, il a permis à 15 adolescents d’avoir une place au Stade de France pour le match France-Irlande. « Les gamins étaient contents. Moi, je me souviens du premier match que j’ai vu au Parc des Princes. J’avais 12 ans. C’est une animatrice du centre de loisirs des Fontenelles qui nous avait accompagnés lors d’un match PSG-Ajaccio. Je me souviens que Pauleta a marqué ce soir-là un de ses plus beaux buts. »