Au-dessus de son bureau, au 2e étage du « château », l’ancienne usine du Docteur Pierre rénovée, un message questionne le visiteur : « Une vie professionnelle choisie, épanouie, ça vous dit ? » Un autre punaisé sur la porte d’entrée annonce aussi la couleur : « Comprendre ce qui vous anime, décider de votre vie professionnelle, cela s’apprend ! »
Éclairer des voies professionnelles
Alexandrine sait de quoi elle parle. C’est parce qu’elle a eu elle-même beaucoup de difficultés d’adaptation au système scolaire, puis a pris des chemins professionnels de traverse, qu’elle est aujourd’hui devenue une spécialiste de l’orientation et en a fait son métier. Avec son association Les Impliqués, qu’elle a cofondé en mai 2017 (1), elle aide les gens au bord du burnout ou profondément lassés de leur métier à y voir plus clair. Grâce à un système de « balises », elle leur propose de se débarrasser de tout le poids éducatif et social qui pèse sur leurs épaules et de ne se préoccuper que de leurs véritables aspirations. « Pour cela, j’ai créé le filon d’or : sur une longue bande de papier kraft, les personnes inscrivent les évènements de leur vie et peuvent ainsi les observer de façon panoramique. Ensemble, on questionne leurs valeurs et leurs limites, leur rapport à l’autorité et leurs envies. C’est très concret et dynamique. » L’association propose plusieurs formules à des tarifs variables en fonction des ressources : stages intensifs, parcours de trois mois en semi-collectif ou accompagnements sur-mesure.
Comme les gens qu’elle accompagne, Alexandrine a eu longtemps l’impression « de ne pas entrer dans les cases ». « Je m’ennuyais souvent à l’école. Je posais beaucoup de questions et les réponses me semblaient “à côté”. Je décrochais souvent et j’avais du mal à apprendre par coeur. Comme j’étais créative et que je savais déjà lire, l’institutrice de CP m’avait mise au fond de la classe avec du papier et des crayons… » En seconde, la motivation revient en force quand l’adolescente entre en classe cinéma. Le tournage d’un documentaire à Berlin, quinze jours après la chute du mur, la passionne. Après son bac, elle s’inscrit dans une école privée d’audiovisuel, puis se lance en freelance dans l’organisation de projets et d’évènements pour différentes entreprises. Une mission sur la conduite de changements à la Caisse d’épargne l’aiguille vers ce qui l’intéresse vraiment. « Il s’agissait de faire parler les gens, managers ou simples employés, de leur métier et de ce qui est important pour eux. C’est ce que je fais aujourd’hui. »
Action citoyenne
Parallèlement, la jeune femme s’engage aux côtés de l’association Solidarité sida qui organise le festival Solidays et prend goût à l’action citoyenne. En 2010, son entrée à Coopaname (coopérative d’activités et d’emploi) agit comme un révélateur. « Ç'a été le début de mon éducation politique. Je me suis intéressée à cette forme d’économie au service de l’homme et j’ai réalisé à ce moment-là que je venais d’une famille de marins-pêcheurs coopérateurs. J’ai baigné dans cette logique solidaire et entrepreneuriale depuis mon enfance. » Passionnée par ce mode d’économie plus juste, Alexandrine entreprend une formation de dirigeante de coopérative au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Elle se forme également à différentes pédagogies alternatives comme la pédagogie expérientielle québécoise ou le récit de vie. Au Cnam, elle découvre une démarche innovante, l’autobiographie raisonnée, qui lui permet de mettre un mot sur ses troubles d’apprentissage : TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité). Un handicap dont elle a réussi à faire une force au fil des années et qu’elle met aujourd’hui au service des autres.
(1) Avec deux professionnels accompagnants, deux anciennes clientes et une personne extérieure.
Les Impliqués : Château de Nanterre, 75, allée des Parfumeurs.
Tél. : 01 86 90 09 42
contact@lesimpliques.org