Ils font Nanterre

Portrait

Stevens Fairn jumper international

Écrit par : Guillaume Gesret

20-NI440-p20-portrait-credit-claire-macel.jpg

Après plusieurs titres de champion de France en double dutch, ce jeune nanterrien se lance dans une carrière dans le monde du spectacle. Ces derniers mois, il s’est produit sur scène en chine, à Dubaï, aux Etats-Unis et partout en Europe. Le trio qu’il forme avec deux filles venues de Hongrie est soutenu par le cirque du soleil.

Environ deux semaines par mois, Stevens Fairn est par monts et par vaux. Il quitte l’appartement de sa mère situé dans le quartier Université pour participer à l’émission « Incroyable Talent » dans sa version hongroise, pour faire un show à Shanghai ou encore pour encadrer un stage de double dutch à Prague. Lorsque nous l’avons rencontré, il s’apprêtait à partir pour Los Angeles. « Je suis invité par le Cirque du Soleil. Je vais profiter de ce séjour sur la côte ouest pour rencontrer des YouTubeurs américains qui m’ont contacté sur le net. »

À 26 ans, le jeune Nanterrien mène une vie hors normes. Une vie rendue possible par notre société mondialisée et en quête de spectaculaire. Stevens n’a pas besoin de manager, son vaste réseau sur Instagram et sur Facebook lui vaut aujourd’hui de nombreuses sollicitations.« On m’invite à participer à des évènements organisés par des grandes entreprises ou des hôtels, à faire des démonstrations à la mi-temps des matchs de basket ou de handball… Dernièrement, une production m’a appelé pour faire une apparition dans l’émission "Big Bounce" sur TF1, une course de trampoline que j’ai magnifiquement perdue [rires] ! »

Le talent d’inventer sa vie

Qui aurait pu croire il y a dix ans, quand le jeune Nanterrien a commencé ce sport au gymnase Voltaire, qu’il allait faire carrière. « Au départ, le double dutch était un loisir. Je me souviens qu’un ami du collège, Frédéric, m’avait invité à un entraînement. » Ce jeu qui se pratique avec deux cordes à sauter consiste à réaliser des figures acrobatiques en rythme. Très vite, Stevens se révèle un excellent jumper. L’adolescent a les qualités athlétiques et artistiques requises. À l’époque, il s’entraîne quasiment tous les jours avec son coach Ali de l’association nanterrienne Jeu 2 cordes et avec son groupe d’amis, connu à Nanterre sous le nom IV The Legend. « J’allais aussi me perfectionner à La Défense, la Coupole était notre lieu de rencontre. Là-bas, j’ai beaucoup progressé en côtoyant les meilleurs jumpers français. » En France, il existe une fédération nationale qui organise des championnats de double dutch, lesquels permettent de se qualifier aux épreuves internationales. La fédération accompagne ses champions en finançant les déplacements à l’étranger. Depuis 2013, Stevens n’a pas manqué un seul championnat du monde. « J’avais tout juste 21 ans quand je me suis rendu pour la première fois aux championnats du monde qui se tenaient cette année-là à Orlando aux États-Unis. C’est un magnifique souvenir ! » Cette qualification donne du crédit à ce qu’il fait. Il avait besoin de montrer à sa famille et à son entourage qu’il pouvait réussir dans son domaine. Car à l’école, il faut bien l’avouer, le jeune Nanterrien n’a jamais brillé. « Je ne tenais pas en place dans une salle de classe. J’ai très vite compris que je ne ferai pas de longues études et n’exercerai pas un métier ordinaire. »

Percer et vivre de sa passion

Stevens a su inventer sa vie. En 2017, il prend une décision importante en mettant les performances sportives de côté pour se faire une place dans le monde du spectacle. Afin de monter sur scène à l’international, il s’associe à deux soeurs hongroises qui, comme lui, multiplient les titres mondiaux en double dutch. La chance leur sourit puisque le Cirque du Soleil les invite à participer à plusieurs évènements en 2018. Ils enchaînent les shows à Dubaï, à Londres, à Prague, à Shanghai… « Depuis quelques mois, je voyage énormément et je me professionnalise. Nous ne sommes pas nombreux à vivre du double dutch. En France, on peut se compter sur les doigts de la main. » Si tout va bien, Stevens devrait poursuivre une carrière de showman durant les dix prochaines années. « Pour garder la forme, je me rends régulièrement à la salle de musculation près de Nanterre. Normalement, je devrais pouvoir rester compétitif jusqu’à l’âge de 35 ans, comme la plupart des sportifs de haut niveau. » L’après, Stevens y pense déjà. Il rêve d’ouvrir une école de double dutch à Paris. Il n’en existe pas encore !