Ils font Nanterre

PORTRAIT

Rayhan Taji l’innovation pour ambition

Écrit par : Guillaume Gesret

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Cet entrepreneur nanterrien de 21 ans lance ce mois-ci une application mobile pour faciliter nos pauses déjeuners. Spontané, Rayhan Taji sait s’entourer et se donner les moyens de concrétiser ses idées.

C’est au Japon qu’il a eu l’idée de mettre en œuvre cette application pour Smartphone, en voyant des cadres commander leurs plats dans les restaurants depuis leur téléphone. Rayhan, qui vit à deux pas de La Défense, se dit alors que les salariés du quartier d’affaires seraient sûrement preneurs d’une commande de menus à distance pour être servis dès leur arrivée dans le restaurant. « Les pauses déjeuners sont courtes, autant leur épargner les longues minutes d’attente aux caisses des chaînes de restauration rapide. » En rentrant en France, le jeune homme demande à un ami d’enfance, Mohamed Gasmi, qui exerce le métier de développeur, de concevoir cet outil. Ce dernier s’entoure de deux autres développeurs et ils se mettent au travail. Rayhan, Mohamed et un troisième associé croient tellement au projet qu’ils créent et déposent très vite leur marque nommée Mooze à l’Institut national de la propriété industrielle. « Ces derniers mois, nous avons pris le temps de soigner le design, d’imaginer des fonctionnalités pertinentes et de nouer des partenariats avec les restaurateurs pour lancer l’application dans les meilleures conditions », nous explique Rayhan.

Asie inspiratrice

À quelques jours du lancement, le jeune homme ne tremble pas. Au contraire, il rayonne et affiche un sourire franc, mais pas carnassier. Pour lui, l’entrepreneuriat est une évidence. « Au collège Victor-Hugo, je vendais déjà des casquettes à mes camarades pour me faire de l’argent de poche ! »

Au lycée, l’adolescent ouvrait un site de e-commerce pour écouler des produits (écouteurs, chargeurs…) qu’il avait lui-même importés de Chine. Pour autant, il n’oublie pas de potasser ses cours et obtient un bac STMG, option gestion finance, avec mention Très bien. Alors que les classes préparatoires lui ouvrent leurs portes, le jeune homme préfère intégrer un BTS commerce international au lycée Paul-Langevin de Suresnes afin d’apprendre les techniques de vente et de parfaire son anglais. Dès la première année, Rayhan décroche un stage en Chine dans une entreprise qui vend de la céramique dans le monde entier. « J’ai passé deux mois à Chongqing, une ville de 30 millions d’habitants. Je vivais en colocation dans un appartement au 36e étage avec vue panoramique sur la métropole. » En bon fan de la culture manga et de gadgets high-tech, l’étudiant finit son séjour asiatique en se rendant trois semaines au Japon.

Déterminé et travailleur

De retour à Nanterre, la ville où il a toujours vécu avec ses parents, il se constitue un petit pécule en travaillant dans les centres de loisirs et à la piscine durant les vacances. Une fois son BTS en poche, il refuse une proposition d’embauche dans une banque pour se consacrer exclusivement à sa start-up. Depuis septembre, il fréquente des entrepreneurs dans les incubateurs et les espaces de coworking parisiens, il répond aux appels d’offres afin de lever des fonds et multiplie les rendez-vous avec les restaurateurs. « Je me forme aussi aux logiciels professionnels pour concevoir mes outils de communication. » Au fond, cette période de pré-lancement lui offre tout ce qu’il recherche : la liberté, l’innovation, la créativité et le sentiment que tout est possible. Car le jeune homme de 21 ans ne cache pas ses ambitions. Avec son application, il rêve de conquérir les marchés internationaux, et, pourquoi pas, de s’installer un jour dans la Silicon Valley en Californie._ « Je me dis que d’autres l’ont fait avant moi. Certes, je n’ai pas de modèle dans mon entourage mais je crois en ma détermination et en ma capacité de travail. »_ Sa mère, auxiliaire de puériculture dans une crèche nanterrienne, et son père, agent de sécurité incendie, le soutiennent. « Je crois qu’ils n’ont trop pas le choix [rires], ils savent que rien ne peut m’arrêter quand j’ai une idée en tête. »

Lancement à Nanterre

À l’image de son copain de lycée, Jammeh Diangana, acteur du film Banlieusards, Rayhan se donne les moyens d’atteindre ses objectifs. Il s’exprime avec enthousiasme et aisance, vise haut et n’omet pas de jouer la carte locale. « Je me suis rendu à la SIJ [structure information jeunesse], à côté du cinéma Les Lumières, pour préparer avec les animateurs un lancement de l’application à Nanterre en janvier. Pour moi, cela a du sens de démarrer l’aventure dans un restaurant de la ville qui m’a vu grandir. »