Ils font Nanterre

TALENTS

De l’école Gorki au barreau de Paris

Écrit par : Isabelle Fruchard

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Les affaires de stupéfiants, la criminalité organisée, la fraude fiscale et autres escroqueries composent son quotidien. Julia Le Floch Abdou est avocate pénaliste rattachée au barreau de Paris. Un métier qu’elle était loin d’imaginer lorsqu’elle fréquentait l’école Gorki, puis les collèges Galois et Chènevreux. « C’était un peu l’école buissonnière et à la carte. Les cours me semblaient trop abstraits et je n’arrivais pas à me projeter dans l’avenir. » Résultat : à 16 ans, l’adolescente plaque le système scolaire et déploie son énergie ailleurs. Elle multiplie les activités et les petits boulots, se paie une formation d’ingénieur du son, monte une association qui organise des soirées et des concerts. C’est d’ailleurs quand elle veut transformer celle-ci en SARL que lui vient l’idée de se lancer dans des études de droit. « Il me manquait des connaissances juridiques. Mais ma vocation d’avocat vient aussi de ce que j’ai beaucoup regardé “Faites entrer l’accusé” à la télé ! » ajoute-t-elle en riant. Elle n’a pas le bac ? Qu’à cela ne tienne. La jeune femme débrouillarde découvre qu’il existe une capacité en droit à l’université de Nanterre, laquelle lui donnera l’équivalence du précieux sésame. Les étapes s’enchaînent ensuite naturellement : licence, master et succès à l’examen très sélectif du barreau. « J’ai eu des profs très à l’écoute et un soutien familial précieux », raconte cette fille d’un père comorien et d’une mère bretonne, travaillant tous deux dans le milieu culturel.

Depuis, « la fille des Pablo » a appris le métier d’avocat aux côtés d’autres confrères et vient de s’installer à son compte dans le centre de Paris. Elle n’en reste pas moins indéfectiblement liée à Nanterre où elle vit toujours et où son activité la mène souvent. Une vie de « sacerdoce » durant laquelle le téléphone professionnel reste allumé en permanence et pour laquelle on peut être réveillé au milieu de la nuit pour une comparution immédiate, une garde à vue ou une commission disciplinaire. Ce que l’on appelle dans le jargon : les urgences pénales. La jeune avocate est en prise directe avec les « conditions déplorables » dans les prisons et des « vies broyées ». « Notre rôle de défenseur est d’expliquer, ce qui ne veut pas dire excuser. Certains sont innocents mais complètement démunis. Il faut rendre à la parole brouillée sa clarté et sa fluidité. » Et n’allez pas lui dire que les avocats sont des privilégiés. D’ailleurs, Julia revient juste d’une manifestation contre la réforme des retraites. « Les 164 barreaux sont en grève, c’est historique ! »