Ils font Nanterre

PORTRAIT

Doria, étoile montante

Écrit par : Guillaume Gesret

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Depuis la sortie de son titre Pochtar, il y a tout juste un an, tout s’est accéléré pour Doria, la rappeuse nanterrienne de 24 ans. À présent, une maison de disque la soutient, les radios la diffusent et les marques la convoitent.

Elle affole les compteurs YouTube

Tout est parti d’un repost du rappeur Booba. En novembre 2019, le patron du rap français partage sur ses réseaux sociaux le clip du single Pochtar, que vient de publier Doria sur sa chaîne YouTube. En une nuit, elle gagne 13 000 nouveaux abonnés. Le clip tourné à Nanterre a été vu près de 4 millions de fois ! Très vite, elle reçoit des propositions de producteurs et les radios s’intéressent à elle. En février 2020, Doria est l’invitée de l’émission « Planète rap » sur Skyrock, LE passage obligé pour tout rappeur français depuis vingt-cinq ans. C’est aussi un tremplin pour les jeunes artistes, et Doria le sait parfaitement. Elle ne se laisse pas impressionner par la foule de types à capuche dans le studio. Derrière le micro, emmitouflée dans sa parka, elle libère toute sa fougue et séduit les auditeurs avec son rap à la fois hargneux et mélodieux. Ce passage radio a été filmé et la vidéo, qui comptabilise aujourd’hui plus de 2 millions de vues, dévoile le tempérament de la jeune femme.

Devant un tel potentiel, Kore, l’un des producteurs les plus en vue du rap français, lui propose de rejoindre son label Awa, soutenu par la maison de disque Sony Music. Doria confie qu’elle n’a pas hésité très longtemps. Kore a produit des sons pour Sexion d’assaut, Kendji Girac, Rim’K… tous disques de platine ou de diamant. « Depuis que j’ai signé mon contrat avec le label Awa, le rap est devenu mon métier. Tous les jours, j’écris des textes, je rencontre des compositeurs, je vais en studio… Mon objectif est de sortir l’album en 2021. » En attendant, le rappeur Jul l’a invitée sur son dernier album, une marque de cosmétique la sponsorise et s’apprête à diffuser une vidéo où Doria joue la guest star. La télé lui fait également les yeux doux. Les responsables du casting de la série « Validé » sur Canal + lui ont proposé un rôle dans la deuxième saison mais Doria a décliné l’offre. « Je ne suis pas comédienne, je ne le sentais pas. » Pour prendre ses décisions, la jeune rappeuse écoute les conseils de Kore et de sa femme, la chanteuse Leslie qui travaille avec lui.

Un bagage solide

Quand on la questionne sur son enfance, Doria nous dit qu’elle l’a passée à Nanterre, avec sa petite sœur et ses parents, sa mère travaille dans la fonction publique et son père dans la sécurité. Ses idoles de jeunesse s’appellent Alicia Keys ou Beyoncé et lui donnent envie de prendre des cours de chant. Elle participe alors aux ateliers proposés par la Maison Daniel-Féry puis au concours organisé par la Semaine de OUF, Nanterre Hallstar, qu’elle remporte à l’âge de 16 ans. « À l’époque, je ne rappais pas, je chantais. Mais ma mère m’a dit que la priorité c’étaient les études. Du coup, j’ai mis un peu la musique de côté. » Au lycée Joliot-Curie, Doria s’épanouit dans la filière littéraire, notamment lors des sorties au théâtre organisées par sa professeure de lettres. Une fois le bac en poche, elle s’engage dans une licence en communication événementielle. « J’ai eu mon diplôme en juin, après plusieurs stages qui m’ont donné envie de travailler dans ce milieu. »

Depuis la rentrée, la jeune diplômée garde l’option d’une carrière dans la communication sous le coude. Doria préfère se donner tous les moyens pour percer dans la musique. « Je ne me mets pas la pression, je profite de tout ce qui s’offre à moi. » Elle suit son instinct et se laisse guider par son tempérament fonceur. En bonne communicante, elle maîtrise toutefois son image et écrit elle-même les storytellings de ses clips. À la fois féminine et virile, elle apparaît à l’écran en jogging-doudoune, au volant de grosses cylindrées, mais les ongles et le maquillage toujours ultra soignés. Pour comprendre Doria, il faut visionner consécutivement le clip Pochtar, où elle joue avec les codes de la rue et le clip Warry, où elle incarne une pop star urbaine et sexy. « Je suis les deux ! Je suis celle qui va s’interposer tête baissée quand elle voit une bagarre. Et aussi la bonne élève, un peu turbulente du fond de la classe. »