Son combat ? « C’est comme dans Kaamelott, explique Caroline, je me bats pour la dignité des plus faibles. » Son mari Anis précise : « Tout a commencé avec Milann [leur fils] quand il avait 2-3 ans. » Caroline poursuit : « Un psychiatre nous a dit : “Votre fils est autiste suite à une négligence parentale.” Ça m’a mise en colère ! Pour moi, l’autisme c’était le refus du contact, quelqu’un qui ne parle pas du tout… Notre fils n’est pas comme cela. On était dans une grande méconnaissance du handicap. »
Quand le diagnostic soulage
Les troubles autistiques de leur fils confirmés un peu plus tard, Caroline reconnaît quelques symptômes chez elle. Très vite, elle est diagnostiquée autiste à haut potentiel. « Toute mon enfance je me sentais à part, bizarre, voire méchante. Ce diagnostic a été libérateur car il a expliqué ma gêne avec les autres à certains moments. » Sortie de l’école sans diplôme, Caroline enchaîne les petits boulots avant de devenir gestionnaire de sinistres corporels et médicaux auprès d’un grand assureur. En décembre 2018, en accompagnant un ami à une manifestation des gilets jaunes à Paris, elle est frappée par le nombre de personnes en situation de handicap venues réclamer leurs droits : « Je ne comprenais pas car pour moi, tout le monde a des droits en France par la Sécurité sociale. J’ai commencé à faire des live sur Facebook pour aider les “handis” dans leurs démarches administratives. Grâce à mon métier, j’avais souvent les réponses à leurs questions. On a eu beaucoup de retours positifs et on a fini par créer l’association en juin 2019. »
Une force d'expertise
Depuis, Handicap parlons vrai (HPV) a réglé 5 200 dossiers avec son équipe de 14 bénévoles ultra compétents. Principalement des dossiers MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) pour obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, mais aussi Caisse d’allocations familiales, prévoyance, Sécurité sociale… « Caroline est très forte pour détecter les petits grains de sable qui font refuser un dossier, elle a une expertise poussée grâce à son handicap », sourit Anis, embarqué lui aussi dans l’aventure des droits des « handis ».
Et les combats s’enchaînent. Le couple crée très vite le premier syndicat spécialisé dans les droits des travailleurs en Ésat (Établissement et service d’aide par le travail, destiné à permettre l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap). « Les Ésat dépendent de l’Agence régionale de la santé. En cas de problème sur les fiches de paie, il faut se tourner vers le ministère de la Santé », explique Caroline. HPV réclame également, comme d’autres associations, la désolidarisation de l’allocation adulte handicapé (AAH) des revenus du conjoint. Actuellement, la personne handicapée perd tout ou partie de son AAH si son conjoint travaille...
Simplifier la vie des « handis »
Du fait de leurs engagements, Caroline et Anis sont invités à participer à des réunions de travail au secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées. Surtout, ils imaginent des projets simplifiant la vie administrative et quotidienne des « handis ». Parmi leurs idées, il y a la refonte de la Maison nationale des personnes handicapées (*) « pour un traitement plus humain, plus rapide [en moins de 15 jours] et plus juste de leurs dossiers ». Mais aussi un projet de logements inclusifs et écologiques. Sans oublier des actions concrètes comme cette distribution de 685 cadeaux à des enfants handicapés hospitalisés lors du dernier Noël. « Cette opération nous a demandé trois mois de travail, on a été très aidés par la Mission handicap de Nanterre. » Pour conclure, Caroline nous confie : « Je veux changer les choses. Les personnes handicapées n’ont rien à faire dans la rue pour réclamer leurs droits. Leur souci majeur, c’est leur handicap. Elles doivent tout faire pour l’accepter et en faire une force, sans penser à l’administratif ! »
(*) Suivre la conférence en ligne sur ce projet, le 8 mars à 18h30, sur la page Facebook Handicap Parlons VRAI.
Contacter la Mission handicap de la ville de Nanterre : 39 92 ; mission.handicap@mairie-nanterre.fr