Ils et elles font Nanterre

Portrait

Mélanie Divaret Cataldo femme d'action

Écrit par : Guillaume Gesret

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« Je me sens davantage à ma place à la Cité rose à Nanterre que dans le palace du Plaza Athénée. »

Promue chevalier à l'ordre national du mérite en janvier, Mélanie Divaret Cataldo est reconnue pour ses multiples actions à fort impact social et écologique. Sa dernière initiative en date : l'ouverture d'un tiers-lieu rue Maurice-Thorez à Nanterre.

Ce qui frappe en rencontrant Mélanie, c’est d’abord son débit de paroles à la mitraillette, son énergie débordante. Et puis, petit à petit, transparaît son émotivité à fleur de peau. Elle, qui se décrit d’abord comme une femme d’action, nous confi e qu’elle a mille idées à la minute et qu’elle n’a pas peur de soulever des montagnes pour parvenir à ses fins.

Venue du monde de la gastronomie

Depuis qu’elle a découvert les possibilités offertes par l’économie sociale et solidaire (ESS) en 2008, la Nanterrienne ne cesse d’étendre son réseau et d’impulser de nouvelles initiatives qui s’inscrivent toujours dans la transition écologique et dans la volonté d’insérer des personnes éloignées de l’emploi. Cette femme de 38 ans est arrivée à Nanterre il y a une dizaine d’années pour développer un traiteur de l’association nationale Planète sésame. Elle fonde alors Planète sésame 92. Son credo : recruter des personnes en insertion capables de préparer des buffets haut de gamme avec des produits bio de saison et locaux. Mélanie vient du monde de la gastronomie. Elle nous raconte qu’à 20 ans elle a plaqué ses études scientifi ques pour intégrer – contre l’avis de la plupart de ses proches – un CAP cuisine à l’école Ferrandi. Elle a ensuite travaillé au côté de grands chefs et de traiteurs prestigieux, lesquels honoraient la commande d’un émir du Koweït au château de Gouvieux. Mais tout ce luxe finit par l’écœurer. « Je suis fille de profs et j’ai grandi en banlieue. Durant mon enfance, j’ai vu mon père évoluer dans le milieu associatif dans le seul but d’aider les jeunes des quartiers populaires. Je me sens davantage à ma place à la Cité rose à Nanterre qu’au Plaza Athénée. »

La volonté de transmettre

Avec Planète sésame 92, Mélanie et son associée, Christelle Deuchou, réussissent à recruter des dizaines de personnes qui préparent des plats pour des collectivités, comme la mairie, pour des entreprises, comme Vinci ou la Société générale, et aussi pour des ministères, l’Assemblée nationale, le Sénat… « Au début des années 2010, notre positionnement bio et social, avec des saveurs du monde entier, nous sortait du lot et nos clients appréciaient la qualité de nos hors-d’œuvre et de nos pâtisseries. » En parallèle de cette activité de traiteur, l’équipe de Planète sésame 92 ouvre une « cantine » au 194, avenue de la République. Les chercheurs de l’université viennent y déjeuner en voisins. C’est d’ailleurs en discutant avec le vice-président de l’université que Mélanie commence à enseigner le fonctionnement de l’ESS aux étudiants. « J’adore partager mes connaissances. Aujourd’hui, j’aimerais former les élus, les chefs d’entreprise, les cadres… pour qu’ils s’emparent davantage des nouvelles dispositions de l’ESS. »

Solidaire auprès des plus démunis
Depuis le début de la pandémie, qui a immanquablement entraîné une baisse de l’activité traiteur, Mélanie n’est pas restée les bras croisés. Pas du genre à se morfondre chez elle avec son mari et son fils de 8 ans, elle a mobilisé ses équipes et démarché ses soutiens pour concevoir jusqu’à 500 repas distribués par l’Armée du Salut dans les squats de Seine-Saint Denis. Plus de 25 000 repas ont été distribués de mars 2020 à aujourd’hui. « J’ai participé aux distributions pendant le premier confinement, j’ai vu des enfants qui n’avaient pas mangé depuis plusieurs jours. La Covid a révélé la pauvreté », témoigne-t-elle les larmes aux yeux. Durant cette année si particulière, Mélanie a également décidé d’ouvrir un tiers-lieu au 5, rue Maurice-Thorez. Elle a ainsi transformé l’ancienne charcuterie en un endroit polymorphe où l’on peut acheter des produits bio et commander des bols de cuisine du monde, où les associations peuvent se réunir, où les entrepreneurs peuvent « coworker », où les enfants peuvent jouer avec des retraités… « J’ai baptisé ce lieu Ujumi, c’est un mot tiré de l’espéranto, ce langage universel que m’a appris ma mère. À travers ce nouveau lieu, je prône la diversité. On a tous des histoires, des origines, des cultures et des envies différentes. C’est ce qui fait notre richesse. » En attendant la levée du couvre-feu et la réouverture des restaurants, elle rêve aux apéros festifs et aux soirées à thème qui se dérouleront bientôt dans la « Maison Ujumi » !