Ils et elles font Nanterre

Talents

Le pied, c’est son affaire

Écrit par : Isabelle Fruchard

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« En contrepartie de mon contrat nanterrien de réussite, j’ai proposé d’offrir des soins de pédicurie aux personnes très modestes une matinée par semaine jusqu’à début mars. » Alain Ameen

« En contrepartie de mon contrat nanterrien de réussite, j’ai proposé d’offrir des soins de pédicurie aux personnes très modestes une matinée par semaine jusqu’à début mars. »

Alain Ameen

Ce vendredi 14 janvier, Alain Ameen a prodigué ses premières séances de soins de pédicurie à la maison de retraite des Vignes dans le quartier du Plateau/Mont-Valérien. « C’étaient des personnes de plus de 80 ans ayant très peu de revenus. Il s’agissait pour la plupart de leur couper les ongles car elles n’arrivent pas à le faire elles-mêmes. L’une d’entre elles avait un problème plus important que je vais traiter. » Ce jeune habitant du Parc Nord, âgé de 27 ans, a décroché son diplôme de pédicure-podologue en juillet dernier après trois ans d’études dans une école privée, et une première année commune aux études de santé (Paces). Des études qui coûtent cher et qui l’ont amené à demander une aide financière à la ville dans le cadre du contrat nanterrien de réussite (CNR). « En contrepartie, j’ai proposé d’offrir des soins de pédicurie aux personnes très modestes une matinée par semaine jusqu’à début mars. Ce sont des actes qui ne sont pas remboursés par la sécurité sociale sauf si l’on est diabétique. Pour moi, ça a du sens d’utiliser directement mes compétences pour rendre service dans le cadre de ce contrat. » Son diplôme en poche, Alain décroche un premier remplacement à Bagneux, en août, puis un deuxième à Paris, en septembre. Aujourd’hui, trois fois par semaine, cet habitant de Nanterre-Préfecture saute dans le RER A pour rallier le 12e arrondissement. Il y exerce en tant que collaborateur d’une podologue à qui il reverse un pourcentage de ses revenus, se familiarise à la fabrication des semelles orthopédiques, traite les verrues plantaires et les ongles incarnés. « Pour beaucoup de gens, ça rebute un peu les pieds, et ça m’arrive d’entendre des moqueries, reconnaît-il en souriant. Mais c’est aussi un métier qui a des avantages. J’apprécie ma liberté d’organiser mon emploi du temps, même si je termine souvent tard le soir. Nous avons également un droit qui nous est reconnu d’effectuer des diagnostics. Le métier de pédicure-podologue a évolué. Le partenariat avec les médecins et les chirurgiens s’est beaucoup amélioré, et ces derniers nous font confiance pour assurer le suivi de leurs patients », commente le jeune Nanterrien, qui a d’abord entrepris des études de physique à l’université Diderot avant de changer d’orientation. Face à ses nouvelles responsabilités, Alain s’est d’abord senti comme un jeune conducteur : « On est un peu frileux au début, et, petit à petit, on s’affine, on prend de l’assurance. Je suis plus organisé et j’arrive à faire les semelles plus rapidement. » Lorsqu’il a besoin de conseils, il se tourne vers sa collègue ou ses anciens camarades. Il compte bien à l’avenir s’offrir des formations régulières, mais pour le moment il est surtout préoccupé par le remboursement de son crédit étudiant. « Quand j’aurai les moyens, j’aimerais m’installer dans une banlieue où il manque des professionnels de santé. Ce ne sera sans doute pas à Nanterre car il y en a déjà suffisamment ici. »