Agriculteur ou architecte ? Architecte ou agriculteur ? Petit, Killian Rivault adore passer l’été dans la ferme de son grand-père près de Poitiers. Il aide aux moissons, conduit le tracteur et, surtout, bricole avec trois fois rien ! À 10 ans, il apprend à couper, souder, percer. « J’avais tous les outils à portée de main et mon grand-père pour me montrer. J’étais très libre et il y avait plein de matériaux de récup’ sur place. » À Nanterre, il imagine et dessine les plans. À la ferme, il construit un mini kart avec un moteur de motoculteur usagé : « Il faisait du 50 km/h une fois bien lancé, mais il y a eu beaucoup de versions, de montage, démontage, remontage… » Puis il fabrique un simili aéroglisseur : un radeau posé sur des bidons d’huile vides, propulsé par une hélice hors d’eau. Dix ans plus tard, à l’heure où nous le rencontrons, il vient de bâtir, avec quatre étudiants de son école d’architecture, un pavillon éphémère de 30 m2 en verre et polystyrène avec une centaine de battants de fenêtre récupérés en bas de chez lui, dans son quartier du Chemin-de-l’Île dont la rénovation urbaine est en cours. Entre-temps, l’adolescent a beaucoup hésité au sujet de son orientation. Au collège André-Doucet, il a envie d’architecture.
« Mais je ne me voyais pas du tout faire de longues études. » Il passe donc un bac pro de production horticole, à Saint-Germain-en-Laye, puis un BTS agricole, près de Poitiers. « J’étais très content au début, mais passer de Nanterre à la campagne c’est un sacré changement de cadre de vie ! Et le secteur agricole ne se porte pas très bien économiquement… » Au passage, Killian a découvert que,
finalement, les études supérieures, ce n’est pas si mal ! Il décide alors de revenir à sa passion première : l’architecture.
« Mes profs de BTS pensaient que la réorientation serait difficile mais j’ai essayé. » Il candidate à toutes les écoles d’archi, décroche deux entretiens puis passe un été effroyable à guetter, toutes les nuits, sa progression escargotesque sur liste d’attente de Parcoursup. Trois jours avant la rentrée, enfin, il est accepté à l’Ensa Paris-Val de Seine. « J’ai eu de la chance, c’est une très bonne école avec une très grande diversité d’enseignement ! » Il se passionne pour l’architecture moderne, façon Le Corbusier, apprécie beaucoup les créations de Peter Zumthor et s’intéresse au réemploi : « Le problème du béton, qui consomme beaucoup de sable, c’est qu’une fois fabriqué, on ne peut plus récupérer les matériaux d’origine. » En ce début mai, Killian s’envole une semaine à Rio pour un projet étudiant grâce au soutien du contrat nanterrien de réussite (*). En contrepartie de ce coup de pouce de la ville, il tiendra un stand au festival Écozone, le samedi 14 mai, avec ses quatre amis bâtisseurs de pavillon en matériaux de récup’. Les visiteurs pourront y jouer à reconnaître des matériaux au toucher. L’an prochain, si tout va bien, Killian sera architecte. Plus tard, il se rêve « architecte-constructeur » et aimerait travailler sur de petites structures, comme le corps de ferme familial inutilisé dont il repense actuellement les espaces pour le transformer en logement. Toujours un pied dans la terre : « Je ne laisserai pas l’exploitation familiale se perdre ! »
(*) Pour en savoir plus sur le contrat nanterrien de réussite (CNR), connectez-vous sur NANTERRE.FR