Construite au début des années 60 à la place d’une cité jardin dont il ne reste que deux bâtiments à l’entrée de l’allée Jean-Jaurès, la cité du Bateau a subi les affres du temps. Malgré une réhabilitation lourde dans les années 90, la vétusté de la barre de neuf étages, conçue sur le modèle architectural de Le Corbusier, a contraint le bailleur Hauts-de-Seine Habitat à envisager, en 2007, sa démolition. Une annonce brutale pour les locataires des 184 logements, inquiets de voir leurs souvenirs partir en fumée. « La ville et l’Office départemental HLM ont sollicité un réalisateur de cinéma, Chek Djemaï, pour travailler sur l’histoire de la cité du Bateau avec les habitants eux-mêmes. Ce film, projeté au cinéma Les Lumières, a permis de fixer cette mémoire sur la pellicule, ce qui a atténué les tensions et les craintes », expliquait Antoine Daudré-Vignier, l’un des architectes du projet de démolition-reconstruction, lors d’une visite sur le site le 23 novembre dernier. « C’est seulement après que nous avons pu passer en mode réalisation », poursuit-il.
Aujourd’hui, trois ans après sa démolition, la longue barre a laissé la place à de petits immeubles de trois ou quatre étages et à quelques petites maisons qui s’organisent autour d’un mail planté. Chaque logement dispose d’un espace extérieur privatif et de pièces de vie exposées sud. Un parking souterrain de 350 places vient compléter le projet ainsi que des commerces en rez-de-chaussée.
_In fine_, 250 logements, en locatif social, en accession encadrée ou libre, ont été reconstruits. Avec la livraison à l’automne dernier de ses 58 derniers logements et l’arrivée de ses derniers habitants, tous propriétaires, le site du Bateau peut enfin afficher son nouveau visage avec fierté. « C’était un chantier un peu particulier car réalisé en deux temps et sur site occupé », conclut l’architecte.
Quartiers
Vieux-Pont
Chronique de la métamorphose d’un quartier
Écrit par : Christelle Garancher

Dix ans. C’est le temps qu’il aura fallu au secteur du Bateau pour venir à bout de sa métamorphose. Retour sur ce lifting délicat, parfois douloureux, mais inévitable.