Quartiers

VIEUX-PONT

La cuisine, un langage universel

Écrit par : GUILLAUME GESRET

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Parents et élèves de la classe non francophone de l’école Paul-Langevin participent chaque mois à un atelier de cuisine. Les familles primo-arrivantes en profitent pour créer des liens et s’intégrer dans le quartier.

La cuisine est universelle. Préparer un repas permet d’échanger même si on ne parle pas la même langue », assure Corinne Tanière, la directrice de l’école Paul-Langevin. Ce soir-là, des enfants de la classe UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants), qui regroupe dix-huit enfants non francophones de douze nationalités différentes, sont venus avec leurs parents pour concocter une rechta, un « plat typique d’Alger », précise Sarah. Cette jeune maman, qui a eu l’idée de cette recette, partage ses secrets de fabrication avec les autres familles originaires du Maroc, de Tunisie et du Tibet. « Je suis très heureuse de préparer ce plat avec les camarades de mon fils. La rechta est un plat à base de poulet, de cannelle et de pâtes fraîches qui se déguste les jours de fête. » La « cheffe » de la soirée montre comment couper les courgettes, les navets et les oignons. Choesang, un petit Tibétain de 9 ans, pleure en épluchant l’oignon. « J’aime bien cuisiner. Chez moi, c’est moi qui m’occupe des oignons », nous dit ce garçon qui ne parlait pas un mot de français quand il est arrivé en France l’été dernier. Son père est ravi de découvrir la recette algéroise et explique en anglais : « Au Tibet, on ne cuisine pas de la même façon. Je suis très curieux de voir comment font les autres. » Audrey Jacquiot, l’enseignante, se réjouit des échanges entre les familles. « Elles sont arrivées depuis peu en France, certaines vivent dans des conditions très précaires. Cette soirée est l’occasion de lier des amitiés, de rompre l’isolement. Pour ma part, l’atelier de cuisine me permet de travailler le vocabulaire et aussi de mieux connaître les parents. » En raison du manque de place dans l’école, la soirée se déroule au centre social et culturel Hissez-Haut, situé à deux pas. Et cela fait le bonheur de la référente famille, Esmahane Biri : « Je peux présenter nos activités aux familles. Par exemple, cette dame m’a dit qu’elle voulait prendre des cours de français. Je l’ai invitée à venir dès demain à l’atelier sociolinguistique. Notre but est d’intégrer les familles à la vie du quartier. » La rechta est prête et les familles se mettent à table. « C’est très bon, atteste le papa tibétain. On reviendra tous les mois à l’atelier de cuisine ! »