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Urbanisme

Aménagement des Groues l’exception qui confirme la règle

Écrit par : Sophie Bocard

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Parce que sa vocation de onzième quartier de Nanterre est aujourd’hui irrévocable, l’aménagement des Groues se veut exemplaire, tant par sa capacité à répondre aux besoins des habitants qu’à imaginer la ville de demain. À partir du 27 juin, les Nanterriens pourront découvrir les projets en lice dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt Play Groues et donner leur avis sur la plateforme web participez.nanterre.fr.

Il est difficile d’évoquer l’aménagement des Groues sans rappeler les tensions qui ont longtemps prévalu entre la ville et l’État au sujet de l’extension de La Défense. Refusant de voir leur territoire devenir « l’arrière-cour » de La Défense, les Nanterriens se sont mobilisés pendant deux décennies contre un modèle de développement qui consistait à « ajouter des tours aux tours », selon les termes de Patrick Jarry, maire de Nanterre.
Le protocole d’accord signé en 2015 avec l’État et le plan guide qui en découle scellent le devenir des Groues, non plus comme une extension de La Défense mais comme le onzième quartier de Nanterre s’inscrivant de surcroît dans une complémentarité avec le quartier d’affaires. Par ailleurs, les décrets fixant de manière définitive les périmètres d’intervention de l’établissement public Paris-La Défense qui naîtra de la fusion de l'Epadesa*, l'aménageur du quartier d'affaires, et de Defacto, en charge de sa gestion, sont à paraître. Le nouvel établissement public recouvrerait une compétence exclusive sur le périmètre historique de La Défense et une compétence partagée avec la ville sur les Groues. Car c’est bien un morceau de ville qu’il s’agit de construire sur un peu plus de 70 hectares, à l’interface du quartier Université et, progressivement, du Petit-Nanterre. Une ville durable visant la labellisation « éco-quartier » et l’objectif de performance « énergie positive » ; une ville tournée vers la mixité des usages, conjuguant qualité de vie et maintien des TPE/PME à quelques encablures des grands comptes qui occupent les tours du quartier d’affaires. Cette volonté se traduira à l’horizon 2030 par une offre diversifiée de logements, d’activités économiques et de services. Quatre groupes scolaires et une « plaine des sports » figurent au programme des équipements. Leur construction sera financée par la vente des droits à construire.

Une démarche innovante
Pour trouver les modalités concrètes de la mise en oeuvre de ce projet, la ville et l’Epadesa ont initié une nouvelle façon de construire la ville : l’appel à manifestation d’intérêt. Baptisée Play Groues, cette démarche vise à faire émerger des réponses innovantes et adaptées en mobilisant sur plusieurs mois une diversité d’acteurs issus du monde économique, social ou culturel. Le volet « Préfigurer » a permis d'enclencher le renouveau du secteur en investissant des bâtiments et des terrains existants pour créer des lieux de vie et expérimenter de nouveaux usages. Le volet « Construire » aboutira à la sélection, en juillet et en septembre, des opérateurs qui réaliseront quelque 160 000 mètres carrés de surfaces neuves (logements, bureaux, commerces et équipements) dans le secteur de la gare et le secteur Hanriot. Il s’agit aussi pour les candidats d’imaginer les nouvelles fonctionnalités qui permettront d’habiter et de travailler autrement, ici et ailleurs. Car l’opération porte en germe la valorisation d’un autre quartier de Nanterre, celui du Parc. Avec le relogement aux Groues d’un tiers des habitants des tours Aillaud, le patrimoine du XXe siècle renaîtra au XXIe autour de nouveaux usages et contribuera au rapprochement des quartiers, déjà à l’oeuvre sur les Terrasses.