C’est une première en Île-de-France : l’utilisation de la terre crue pour la construction d’un bâtiment accueillant du public. Il s’agit là du groupe scolaire Miriam-Makeba – 15 classes de maternelle et d’élémentaire, un centre de loisirs – actuellement en construction dans le quartier Université et qui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine. Si la structure porteuse reste en béton armé, les murs d’enceinte ainsi que les murs intérieurs du couloir desservant les salles au rez-de-chaussée et au premier étage sont construits en pisé : un mélange de sable, de graviers et d’argile, tassé dans un coffrage par couches régulières de 15 à 20 centimètres d’épaisseur à l’aide d’un outil pneumatique. Au plan environnemental, la terre crue ne manque pas d’atouts. Ne nécessitant pas de cuisson, le matériau affiche un bilan carbone de premier de la classe, qui plus est lorsqu’il est produit en circuit court : la terre utilisée sur le chantier du groupe scolaire Miriam-Makeba provient d’une briqueterie située à 80 kilomètres de Nanterre. « Elle est par ailleurs entièrement biodégradable et recyclable à l’infini dès lors qu’elle n’est pas mélangée à de la chaux ou du ciment », complète Pascal Thomas, l’un des deux architectes à l’origine du projet. La terre crue n’émet pas de composés organiques volatiles, des polluants directs pour les hommes et les végétaux, et offre une bonne régulation intérieure de l’humidité et de la chaleur. En résumé, elle stocke ou rejette l’une et l’autre selon les conditions atmosphériques.
« La recherche de la performance énergétique nous a conduits à doter la plupart des salles de larges ouvertures orientées au sud », explique Olivier Méheux, architecte associé. Certaines classes sont en outre équipées d’un dispositif qui permettra de remplacer, à mi-saison, la ventilation mécanique par une ventilation naturelle, « l’objectif étant d’économiser l’énergie et de retrouver des gestes simples comme celui d’ouvrir une fenêtre », poursuit Pascal Thomas. La production de chaleur (chauffage des bâtiments et eau chaude sanitaire) sera quant à elle assurée par une chaufferie bois alimentée par granulés et la toiture-terrasse végétalisée intégrera des panneaux photovoltaïques. « L’école étant un lieu d’apprentissage, conclut Olivier Méheux, nous espérons qu’en vivant dans cette école, les enfants, qui sont les décideurs de demain, seront sensibilisés à la préservation des ressources. »