Ce matin-là, les abeilles étaient un peu énervées. À l’ouverture des ruches, elles se sont précipitées sur les silhouettes cachées sous l’équipement de protection. « Quand elle pique, l’abeille émet un parfum qui énerve les autres, alors elles viennent toutes sur vous, explique Walid, apiculteur et professeur. Il faut aller se cacher dans les feuillages, les abeilles n’aiment pas ça, elles s’en iront toutes seules. » Les six élèves, tous réfugiés politiques afghans, écoutent avec attention la traduction en dari. Cette initiation à l’apiculture (sept séances de deux heures) est organisée par l’association Espero, créée en 2016 en Seine-Saint-Denis. « Je voulais lier environnement et social, raconte Maya Persaud, cofondatrice et directrice de l’association. Nos formations en maraîchage et en apiculture permettent de valoriser les compétences des primo-arrivants, notre principal public. Ces savoir-faire sont aussi utiles partout dans le monde et leur permettront de s’insérer plus facilement. » Esmatullah, réfugié de 19 ans qui a appris le français en regardant des tutos sur YouTube, n’a pas hésité une seconde : « Je ne veux pas rester tout seul à la maison, j’aime les abeilles, je veux apprendre tout ce que je peux. » À côté des ruches, dans le jardin, Espero a installé un potager, planté et entretenu avec amour par Yasin, réfugié politique afghan lui aussi. L’association organise en outre des ateliers grand public, pour apprendre à faire des boutures, fabriquer des bombes de graines de plantes mellifères à jeter dans les jardins et, bien sûr, découvrir et déguster les produits de la ruche !
Si vous êtes intéressés par ces formations : contact@esperofrance.org