Quartiers

Chemin-de-L'île

Donner du sens à la peine

Écrit par : Isabelle Fruchard

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L’une des missions des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation est de créer un lien de confiance avec les personnes condamnées.
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Laurent Ludowicz, directeur, et son adjointe, Delphine Deneubourg.

Que se passe-t-il derrière les murs du Service pénitentiaire d’insertion et de probation ? Maillon essentiel de la justice en milieu ouvert, il accompagne vers la sortie de la délinquance.

M.B., 42 ans, cadre dans une entreprise, a été condamné à six mois de sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans à la suite de violences conjugales. M. R., un jeune livreur de 25 ans, a écopé de sept mois d’emprisonnement pour trafic de stupéfiants. Il peut continuer à travailler mais doit se soumettre à une obligation de soins, s’acquitter d’une amende et rentrer tous les soirs dans sa cellule du quartier de semi-liberté (QSL). Ces deux personnes (*) sont suivies par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation des Hauts-de-Seine (SPIP 92). Dépendant du ministère de la Justice, ce service est installé depuis mai 2019 boulevard du Général-Leclerc, dans l’imposant bâtiment couleur rouille qu’il partage avec le QSL. Rappelons que cette installation s’est faite contre l’avis de la mairie qui aurait préféré ne pas voir concentrés la maison d’arrêt, le SPIP et le QSL. Placées sous main de justice, 2 219 personnes exécutent une peine en milieu ouvert et sont placées sous son autorité. « La loi de programmation pour la justice votée en mars 2019 développe les peines alternatives à la prison. L’incarcération de courte durée, qui a d’ailleurs été interdite par la loi, est contreproductive car les personnes perdent leur travail et parfois leur logement », explique Laurent Ludowicz, directeur du SPIP.

Prévenir la récidive, œuvrer à la réinsertion

Autre intérêt notable, le désengorgement des prisons. Le taux d’occupation de la maison d’arrêt de Nanterre est ainsi passé de 170 % à 140 % en un an. Composée de 80 personnes, dont 50 conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP), et s’appuyant sur un réseau de partenaires institutionnels et associatifs, l’équipe du SPIP a pour missions de prévenir la récidive et d’œuvrer à la réinsertion en proposant des parcours d’exécution de peine. Stages de citoyenneté sur la sécurité routière, de responsabilisation pour les auteurs de violences conjugales, travaux d’intérêt général… « Il s’agit de faire exécuter la peine de la manière la plus utile et adaptée à chacun. Nous leur donnons à réfléchir sur les conséquences de leurs actes », souligne Delphine Deneubourg, directrice adjointe. Tous les quinze jours ou tous les mois, les CPIP reçoivent les personnes condamnées. « Nous les accompagnons sur des durées souvent assez longues. Il s’agit d’abord de créer un lien de confiance, de comprendre l’enchaînement des faits et de faire appliquer les obligations du juge, témoignent deux d’entre eux. En général, ça se passe bien, mais on peut aussi demander une prolongation de la mise à l’épreuve ou une incarcération si ce n’est pas le cas. »

(*) Cas fictifs mais représentatifs des personnes suivies.