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République

À la rencontre des chiens… et de l'autre

Écrit par : Catherine Portaluppi

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Faire découvrir les chiens guides d’aveugles, et surtout mieux comprendre le handicap, tels étaient les objectifs de la rencontre organisée dans le cadre du parcours Grandir ensemble. Elle a réuni trois classes de Nanterre et deux non-voyants accompagnés de leurs chiens.

« J’ai trop envie de le caresser… » Les 22 élèves de CM1 A de l’école Joinville se pressent autour des deux chiens qui somnolent tranquillement au pied de leur maître. Mais justement, comme l’explique Lucas Granit, chargé de développement du Centre indépendant d’éducation des chiens guides d’aveugles : « Quand on croise un chien guide avec son maître, il ne faut surtout pas le caresser, il peut croire qu’on veut jouer avec lui mais il doit rester concentré pour faire son travail. » « C’est difficile, confirme Rabiaa Toubal, non-voyante nanterrienne et bénévole de l’association, car ce sont de beaux chiens, et les gens sont curieux ». Curieux comme ces enfants dont les questions fusent. Combien de temps faut-il pour éduquer un chien guide ? Deux ans. Quelle race ? « Un peu de tout », des Rhodésian Ridgeback « très sympas qui servaient autrefois pour la chasse au lion », beaucoup de croisés, pas de labradors « trop gourmands ». Combien de temps les non-voyants les gardent-ils ? Dix ans. « Ils travaillent beaucoup, ils ont mal aux pattes et aux hanches, ils méritent leur retraite, comme nous », explique Rabiaa. Comment faites-vous pour vous habiller le matin ? « Comme toi. Pourquoi ? Je suis mal fringuée ? ! » s’amuse Lucas. Est-ce dur d’avoir une vie d’aveugle ? « Tout dépend si on a perdu la vue tard ou pas. Moi, je suis née aveugle, raconte Rabiaa, j’ai été à l’école, à la fac, je travaille, j’ai des amis, des activités… » « À chaque fois qu’on intervient ainsi, on change un peu les mentalités, on ouvre des pistes de réflexion » souligne Lucas. « C’est très important de sensibiliser les enfants, ajoute Rabiaa. Plus tard, ils n’auront pas peur de mal faire ou de mal dire, ils savent qu’on est des personnes comme eux ! » « Les enfants me disent qu’ils ne voient plus les personnes handicapées comme avant et qu’ils n’en ont plus peur, conclut Sylvie Valin-Colin, leur professeure des écoles. Certains rêvent même de devenir maire pour améliorer leur vie dans la ville ! »