« Si je suis habillé comme ça, c’est grâce à toi ! » Nassim Oukacine, 22 ans, impeccable dans son uniforme RATP, sourit jusqu’aux oreilles devant son ancien éducateur Abdelrani Touhami. Un retour aux sources pour ce jeune des Canibouts qui a commencé à venir au Gao à 13 ans, à la demande de la médiatrice de son collège : « J’étais trop actif, pas assez concentré. Rani m’a pris par la main et m’a aidé à avancer dans mon comportement. » Suivront de nombreux projets solidaires (maraudes, repas avec les joueurs de foot fauteuil…) et des discussions – encore plus nombreuses – avec son éducateur : « J’ai compris qu’il faut être un bon humain ! » Pour Dybril Kamara, 28 ans, le Gao a aussi été un lieu fondateur : « On a fait plein de trucs, des repas, des séjours de moto ou de plongée… » Mais côté travail, c’était compliqué. Alors quand les éducateurs leur ont parlé du CFA de la mobilité urbaine durable de la RATP, ils n’ont pas hésité une seconde ! « Il y a trois conditions : avoir 21 ans, un casier judiciaire vierge et le permis B. »
Au Gao, on les a aidés à remplir le dossier et à s’entraîner aux tests (maths, géo, culture générale...). « Il fallait leur donner confiance en eux, explique le directeur Mustapha Ouchikh, pour éviter qu’ils abandonnent le test en cas de difficulté. »
Reçus en 2020, en plein confinement, Nassim et Dybril alternent théorie et pratique, s’exercent à manipuler un car sur un circuit, passent le permis D (bus) et apprennent la conduite RATP en situation : « Toujours accueillir l’usager en le regardant quand il monte dans le bus et répondre au bonjour », rapporte Nassim. Six mois de formation, un premier contrat et bientôt le CDI, « si tout va bien ». « On a galéré dans la vie, fait plein de boulots. Moi, j’aime ce métier, raconte Dybril, j’aime être autonome. » « Il faut aimer travailler seul, confirme Nassim, accepter les horaires décalés, être très vigilant et conscient des responsabilités que cela implique de conduire un bus. » Tous les deux apprécient la stabilité du métier et les multiples évolutions de carrière possibles dans cette grande entreprise : « Après quelques années d’expérience, on peut devenir chauffeur de tram, de RER, mécanicien, régulateur, superviseur, chef de ligne », s’enthousiasme Nassim. De quoi faire des projets pour l’avenir : un appartement à soi, un achat immobilier et, pour Dybril, bientôt un mariage.