Comment résumeriez-vous Ghetto Island ?
Kalilou Diakité : C’est la vie d’un quartier vue à travers un regard extérieur d’observateur, mêlant une approche individuelle et une approche collective : la galère, les mariages, les matchs de foot au city… Mais aussi, derrière chaque porte, des parcours de vie différents. D’un côté le collectif et de l’autre des histoires individuelles. J’essaie de montrer comment les deux s’imbriquent.
Vous êtes-vous inspiré de votre propre expérience ?
K. D. : En partie oui, mais j’ai aussi beaucoup inventé. Je n’ai jamais été trafiquant et bagarreur, mais, avec mes amis, on a été témoins de beaucoup de scènes de violence. J’ai grandi dans une cité de Seine-et-Marne très cosmopolite. Nos parents étaient derrière nous et il ne s’agissait pas de faire n’importe quoi à l’école. On savait que ce serait notre instrument d’émancipation et on se tirait mutuellement vers le haut. D’ailleurs, aujourd’hui, on a tous entre bac + 5 et bac + 8 ! Les parents avaient un rôle très important pour nous tous. C’est le père de mon ami indien, par exemple, qui m’a appris à jouer aux échecs.
Comment en êtes-vous venu à l’écriture ?
K. D. : Vers 25 ans, j’étais professeur d’histoire-géographie contractuel en collège et, pendant mon temps libre, j’écrivais des acrostiches. En 2016, j’ai publié Regards d’acrostiche et un essai, Le nationalisme, c’est la guerre au collège, pour répondre aux questions de mes élèves qui me demandaient d’où je venais. Ils ne comprenaient pas que je sois français et j’aie voulu déconstruire les clichés sur la couleur de la peau. J’essaie de transmettre des ondes positives aux jeunes, de leur dire de croire en eux et d’être tolérants dans un monde de plus en plus clivé et violent.
Propos recueillis par Isabelle Fruchard
DIAKITÉ Kalilou, Guetto Island, Hello éditions, 15 euros.