« On protège son trésor et, quand on croise un copain qui n'en a pas, on le lui donne ! » C’est en termes imagés que Jan Lahaye illustre la circulation du ballon devant de jeunes joueurs de plus en plus aguerris. Pour la sixième fois depuis la rentrée scolaire, les élèves de CM1 de l’école Jacques-Decour retrouvent l’éducateur sportif dans le cadre du cycle encadré par le club du Racing Nanterre Rugby. Pour Camille Lajugie, leur enseignante, c’est la troisième année consécutive : « Chaque année, l’activité rugby permet à des enfants timides ou en difficulté scolaire de prendre confiance en eux et de trouver leur place au sein du groupe. Les autres sont plus ou moins fans mais je n'ai encore jamais rencontré d’opposition farouche. Certains élèves vont même jusqu’à prolonger l’expérience dans le cadre des parcours Après l’école. »
RESPECT ET SOLIDARITÉ
Sur la plaine du parc André-Malraux, le stade Jean-Guimier étant indisponible ce jour-là pour cause de Mille-Mille, un groupe s’entraîne au plaquage. Et les filles ne sont pas les dernières à retourner la situation à leur avantage ! « Le dos bien droit, épaule et tête au contact pour ne pas se faire mal ! », martèle Marc Chevallier, président du club nanterrien et ancien joueur du Racing Métro dans les années 70. Le plaquage est l’une des quatre règles mises en pratique avec la passe en arrière, la marque (l’essai), les droits et devoirs des joueurs. Ni mêlée, ni touche, ni jeu au pied.
« J’aime bien le rugby parce qu’on peut jouer par terre », témoigne Zacharia. « Moi, je préfère plaquer qu’être plaquée… », reconnaît Emna dont le petit gabarit n’empêche pas la hardiesse. « Il faut d’abord que les élèves dépassent leur crainte du contact avec le sol ou avec d’autres joueurs, précise Jan. Nous les y aidons au travers d’exercices et de jeux sécurisants. » La première des règles est en effet celle de la sécurité : ne pas faire mal, ne pas se faire mal et ne pas se laisser faire mal. « Le respect de soi et des autres – partenaires, adversaires ou arbitre – est fondamental au rugby, poursuit l’éducateur. Cette dimension a souvent un effet bénéfi que sur la cohésion de classe. »
Une cohésion que les élèves vont devoir éprouver fi n avril au stade des Bords-de-Seine à l’occasion du tournoi qui opposera le groupe à sept classes de CM1 et CM2. Chaque classe compose trois équipes de six joueurs (dont au moins deux joueuses) et chaque équipe rapporte des points à la classe. Une bonne manière d’évaluer son niveau tout en donnant du sens à l’apprentissage.
* Célèbre formule employée dans les années 70 par le journaliste Roger Couder pour encourager le XV de France.