C’est un petit groupe d’ados parmi tant d’autres, une quinzaine de jeunes de 14 à 21 ans qui trottinent au stade Vincent Pascucci, un soir glacial de janvier. Ils râlent un peu au début de l’échauffement mais se donnent à fond dès qu’un ballon est en jeu. Comme tant d’autres, ils s’entraînent deux fois par semaine et disputent des matchs le week-end. Comme leurs idoles Mbappé ou Ronaldo, ils crient de bonheur quand ils marquent avant de se lancer en glissade à genoux. Une équipe comme les autres, avec une seule spécificité : ils font du foot adapté, adapté à leur handicap mental ou psychique, avec des équipes réduites à sept joueurs et des mi-temps de vingt-cinq minutes.
Section lancée il y a trois ans
La plupart des adolescents sont scolarisés à l’IME (institut médico-éducatif) pro Balzac à Nanterre, et l’équipe est complétée par quelques anciens de l’école qui travaillent en Ésat (établissement et service d’aide par le travail) ou en milieu ordinaire. Alexandre Morice, éducateur sportif APAS (activité physique adaptée et santé) au sein de l’Impro et entraîneur, a lancé cette section foot adapté il y a trois ans avec l’AJSCN : « Nos jeunes aiment beaucoup le foot, mais c’est compliqué pour eux d’intégrer un club classique. Ici, on adapte les exercices, on sait qu’il faut faire preuve de patience dans la pédagogie mais aussi dans la gestion des conflits. Être intégré à une équipe, venir aux entraînements, avoir un survêtement aux couleurs du club et une licence, ça crée de l’émulation, ça les ouvre vers l’extérieur, les aide à devenir autonomes et à prendre leur envol. »
Qualifiée en championnat de France
L’équipe était qualifiée pour le championnat de France de foot adapté à Strasbourg, finalement annulé pour cause de Covid… Qu’importe ! Ils participent régulièrement à des compétitions. « En tournoi, on donne le meilleur de soi-même, ça motive », explique un joueur. « On a une coupe quand on gagne ! », complète un autre. « Le foot, ça nous apprend à faire des efforts, à avoir plus de concentration, à être plus appliqués. Et aussi, on apprend à se maîtriser, à ne pas s’énerver si les autres marquent contre nous », raconte un troisième. Pour Nathalie, la mère de Merwan, 14 ans : « Ici, ils sont mélangés aux autres équipes qui s’entraînent en même temps, pas à l’écart donc, mais avec un coach formé pour les prendre en charge, avec leurs besoins spécifiques. Sur le terrain je vois la différence, mon fils a pris confiance, il est content quand les autres l’encouragent. Ils ont l’esprit de compétition mais restent bienveillants entre eux. L’équipe est un moyen de sociabiliser, de se faire des copains, ce qui est compliqué pour nos enfants. Ils sont bien ici ! »
