V
oici cinquante ans que ces événements se sont passés. Nanterre se prépare à les célébrer, d’autant plus que son campus universitaire fut l’un des lieux emblématiques de la contestation étudiante.
Résumer Mai 68 à la contestation étudiante en constituerait une lecture partielle. Ce fut un moment multiple et complexe. À la fois sociétal, social et politique.
Les premiers événements ont débuté à Caen, le 26 janvier, avec une manifestation d’ouvriers de la Saviem qui s’est prolongée en occupation d’usine dure- ment réprimée. C’est le point de départ d’une contestation ouvrière comme à Sud Aviation, chez Renault, dans les transports, dans la fonction publique, qui aboutira à une grève générale inouïe et aux Accords de Grenelle, le 27 mai, accordant de grandes avancées sociales aux salariés (fort relèvement du Smig, réduction du temps de travail, libertés syndicales dans l’entreprise…).
Ces accords sont le départ d’une accélération de l’amélioration de la condition ouvrière et de l’ensemble des salaires.
Mai 68 est aussi une révolte étudiante sans précédent contre une société bloquée qui, au sortir de la guerre d’Algérie, n’avait pas su prendre en compte les besoins d’émancipation et de libération des mœurs.
Mai 68 est une réaction politique, où la gauche ne sut pas trouver sa place, et dont le point d’orgue fut, après l’immense manifestation de soutien au Général de Gaulle des Champs-Élysées, l’élection à l’Assemblée nationale d’une chambre bleu horizon dominée par l’UDR.
Ces trois mouvements n’ont fait que se croiser.
● Les ouvriers, notamment à l’appel de la CGT et du PCF, se méfiaient des étudiants dont ils ne comprenaient pas bien les revendications, considérant que la situation n’était pas révolutionnaire et privilégiaient un vaste mouve- ment revendicatif devant déboucher sur des négociations sociales.
● Les étudiants, eux aussi, se méfiaient des politiques, éconduisant de la fac de Nanterre, le 25 avril, Pierre Juquin, responsable éminent du PCF, chargé de faire la liaison entre le mouvement ouvrier et le mouvement étudiant, aux cris de « Judas Juquin ». Les étudiants eurent les mêmes difficultés lorsqu’ils se rendirent à Renault-Billancourt pour exhorter les ouvriers à refuser les Accords de Grenelle !
● Le reste de la gauche ne comprenait pas mieux ce qui se passait puisque François Mitterrand qualifia les étudiants de « jeunes bourgeois catholiques révoltés contre l’hypocrisie de leurs parents ».
Aujourd’hui, nombre des interdits de cette époque sont entrés dans les mœurs. Si le « Il est interdit d’interdire » a pu faire quelques dégâts, ne regrettons pas ce mouvement d’émancipation individuel et collectif qui semble avoir toujours fait partie de notre quotidien. Mai 68 aura été une grande victoire sociale pour les salariés, un grand moment d’émancipation sociétale. Mais alors que l’on commençait à tirer les enseignements de ce formidable moment démocratique, les chars soviétiques entraient dans Prague pour écraser le printemps démocratique engagé par Dubcek.
Résumer Mai 68 à la contestation étudiante en constituerait une lecture partielle. Ce fut un moment multiple et complexe. À la fois sociétal, social et politique.
Les premiers événements ont débuté à Caen, le 26 janvier, avec une manifestation d’ouvriers de la Saviem qui s’est prolongée en occupation d’usine dure- ment réprimée. C’est le point de départ d’une contestation ouvrière comme à Sud Aviation, chez Renault, dans les transports, dans la fonction publique, qui aboutira à une grève générale inouïe et aux Accords de Grenelle, le 27 mai, accordant de grandes avancées sociales aux salariés (fort relèvement du Smig, réduction du temps de travail, libertés syndicales dans l’entreprise…).
Ces accords sont le départ d’une accélération de l’amélioration de la condition ouvrière et de l’ensemble des salaires.
Mai 68 est aussi une révolte étudiante sans précédent contre une société bloquée qui, au sortir de la guerre d’Algérie, n’avait pas su prendre en compte les besoins d’émancipation et de libération des mœurs.
Mai 68 est une réaction politique, où la gauche ne sut pas trouver sa place, et dont le point d’orgue fut, après l’immense manifestation de soutien au Général de Gaulle des Champs-Élysées, l’élection à l’Assemblée nationale d’une chambre bleu horizon dominée par l’UDR.
Ces trois mouvements n’ont fait que se croiser.
● Les ouvriers, notamment à l’appel de la CGT et du PCF, se méfiaient des étudiants dont ils ne comprenaient pas bien les revendications, considérant que la situation n’était pas révolutionnaire et privilégiaient un vaste mouve- ment revendicatif devant déboucher sur des négociations sociales.
● Les étudiants, eux aussi, se méfiaient des politiques, éconduisant de la fac de Nanterre, le 25 avril, Pierre Juquin, responsable éminent du PCF, chargé de faire la liaison entre le mouvement ouvrier et le mouvement étudiant, aux cris de « Judas Juquin ». Les étudiants eurent les mêmes difficultés lorsqu’ils se rendirent à Renault-Billancourt pour exhorter les ouvriers à refuser les Accords de Grenelle !
● Le reste de la gauche ne comprenait pas mieux ce qui se passait puisque François Mitterrand qualifia les étudiants de « jeunes bourgeois catholiques révoltés contre l’hypocrisie de leurs parents ».
Aujourd’hui, nombre des interdits de cette époque sont entrés dans les mœurs. Si le « Il est interdit d’interdire » a pu faire quelques dégâts, ne regrettons pas ce mouvement d’émancipation individuel et collectif qui semble avoir toujours fait partie de notre quotidien. Mai 68 aura été une grande victoire sociale pour les salariés, un grand moment d’émancipation sociétale. Mais alors que l’on commençait à tirer les enseignements de ce formidable moment démocratique, les chars soviétiques entraient dans Prague pour écraser le printemps démocratique engagé par Dubcek.