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Groupe Communistes et initiative citoyenne

Nos quartiers, 6 millions d’oubliés de la République

C

es territoires de la République sont les grands oubliés des politiques gouvernementales depuis plusieurs années, bien que des villes comme Nanterre usent d’ingéniosité en faisant avec de moins en moins de moyens et continuent la transformation urbaine et sociale. Ce sens de la « débrouille » a ses limites. Dans notre ville, nous avons besoin d’un engagement fort de la République pour les quartiers du Chemin-de-l’Île et du Parc-Picasso. L’État doit rejouer son rôle providence pour que vive le principe d’Égalité si cher, autrefois, à la République.
Réussir ces transformations passe également par la réimplantation de services publics, de moyens de transports ; par le soutien financier aux associations, à la réussite scolaire, à la santé ; par l’accès à l’emploi, à la culture, au sport pour tout le monde ; et par le droit à la sécurité et à la justice pour tous. Pour l’intérêt des générations actuelles et suivantes, il faudra oser penser les moyens alloués aux banlieues comme un investissement dans le capital « humain » plutôt qu’une dépense. Dans nos quartiers, se développe l’innovation. Investir dans les quartiers, c’est promouvoir la richesse de la France, la France victorieuse, la France pour et avec tous. En réponse à l’« appel de Grigny », le président de la République a chargé Jean-Louis Borloo de produire et de remettre un rapport avec des préconisations au Gouvernement. Cela a été fait le 26 avril dernier. Ce rapport est le fruit d’un travail collectif de plusieurs mois avec les maires de villes de banlieues, parmi lesquels figurent le maire de Nanterre, Patrick Jarry, mais également des associations et les services de l’État.
Ce rapport propose 19 programmes pour « Vivre ensemble, vivre en grand : pour une réconciliation nationale ».
L’introduction dresse un constat redoutable précisant que « près de 6 millions d’habitants vivent dans une forme de relégation voire parfois d’amnésie de la Nation… ».
Les propositions faites forment un ensemble qui, même si elles ne régleront pas forcément tout, peuvent permettre de voir les 1 500 quartiers de la politique de la ville et ses habitants, et notamment ses jeunes, comme une chance pour notre pays et non plus comme un problème.
L’avenir de millions de femmes, d’hommes, de jeunes et d’anciens qui ont droit eux aussi à l’égalité républicaine est en jeu. C’est le moyen également de faire reculer les communautarismes et le repli sur soi.
Nos quartiers populaires sont une richesse, bouillonnants d’initiatives et de créations.
C’est l’inaction qui est insupportable humainement et qui pèse financièrement, notamment sur les finances communales, pour aider des familles en difficultés sociales.
Au moment où sont écrites ces lignes, le président de la République n’a pas encore rendu d’avis. Les attentes sont grandes de la part des habitants de ces quartiers, des élus et des associations, espérons qu’elles ne soient pas une fois de plus déçues.

Samir Abdelouahed

Groupe Communistes et initiative citoyenne