Maguy Edorh

Groupe Modem-En Marche

Les heurs et les malheurs du prélèvement à la source

Q

uelle tête les salariés feront-ils en découvrant, en cette fin du mois de janvier 2019, leur première fiche de paie, diminuée des impôts retenus à la source !

Pendant des décennies, l’administration fiscale a envisagé de mettre en place une retenue à la source de l’impôt sur le revenu. Cela avait été planifié pour 2018 ; puis reporté d’un an par le Président, Emmanuel Macron. Cette fois, c’est parti ! Le prélèvement à la source débute en pleine crise des gilets jaunes : les contribuables assujettis à l’impôt sur le revenu se verront prélever sur leur fiche de paie ou leur pension une somme variant en fonction de leur revenu du mois écoulé. En fin de compte, est-ce vraiment une réforme fiscale ? Puisque les sommes dues ne changent pas. C’est plutôt un changement de la façon de payer l’impôt. L’ancien système faisait payer l’impôt calculé sur l’année précédente ; mais avec le nouveau système, nous payons l’impôt sur l’argent que nous gagnons dans la même année. Cependant, il faut préciser que concernant les retraités, dont beaucoup reçoivent des revenus de plusieurs caisses de retraite, le système n’est pas très efficace. Ceux-ci ont intérêt à vérifier que chaque caisse de retraite applique le bon taux.

En France, le système est extrêmement compliqué : les taux sont élevés, mais en même temps, il existe des niches fiscales à travers les abattements, les exonérations et autres crédits d’impôts. Les spécialistes se battent pour définir le nombre exact des taux appliqués ; car cela tourne autour de 500 !

Une amélioration positive de ce nouveau système est que le contribuable donateur touche, depuis le 15 janvier 2019, une avance de 60 % sur les réductions d’impôt liées à ses dons en fin d’année. C’est une bonne nouvelle !

En conclusion, le prélèvement à la source est un pas de plus vers l’individualisation de l’impôt qui va avoir une influence sur le quotient familial ; est-ce à dire que le quotient familial est menacé ? L’avenir nous le dira…

Un vrai débat national ? Chiche !
Les bonnes résolutions du début d’année 2019 incitent à porter un regard positif sur le grand débat national annoncé par le chef de l’État. Ce n’est point un optimisme béat ; mais un optimisme participatif. Ceux qui sont invités, autour de la table de discussion, s’obligent à en être partie prenante et ils espèrent être entendus. Ce que les gilets jaunes expriment, qui est partagé par de nombreux Français, c’est, entre autres, un besoin d’écoute de proximité avec les élus. En tant qu’élus locaux, nous nous efforçons de prendre en compte cette aspiration. Reste à savoir si le débat qui s’ouvre saura regarder loin et impliquer les corps intermédiaires (associations, syndicats, société civile, etc.).

À Nanterre, la municipalité s’associe au débat national ; elle met sur le site de la ville un lien afin d’inciter les citoyens de Nanterre à participer en apportant leurs propositions constructives et leurs doléances.

À Nanterre, le 26 janvier 2019, les adhérents du MoDem se sont retrouvés pour une jour- née militante. Ce fut l’occasion de recueillir auprès des participants leurs propositions et leurs doléances ; elles seront transmises au niveau national. Espérons que ce débat ne soit pas qu’un entracte…

Justice sociale et climatique
Elles ont en commun de vouloir réduire les inégalités. Alors que se termine la COP24 et que les gilets jaunes organisent leur action, nous devons aussi nous interroger sur les fondements moraux de la lutte contre le réchauffement. La multiplication des ouragans, sécheresses et inondations fait partie des éléments qui vont à l’encontre des droits fondamentaux à la subsistance. Or quand ces droits ne sont pas respectés, les autres droits de l’Homme, comme celui de participer à la vie politique, ne peuvent pas être exercés. La justice globale, dont s’inspire la justice climatique, soutient que nous avons des responsabilités envers les générations futures. Il y a un objectif commun entre la justice sociale et la justice climatique qui est de réduire les inégalités. L’important est de les rendre conciliables…

Maguy Edorh, Touati Ferhat, Gilles Norroy

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