Dominique Debras, Alexis Martin, Julien Sage

Groupe Europe écologie les verts

Pour mettre en œuvre la transition écologique, changeons la logique politique

D

ans sa lettre aux Français, le président de la République présente les questions auxquelles il faut répondre dans le grand débat national. S’il n'y a aucune méthodologie dans ce débat, les questions ont au moins le mérite d'être claires... mais leurs attendus et leurs conséquences le sont moins.

Parmi les 34 questions présentées dans la lettre, celle portant sur le financement de la transition écologique permet de mesurer à elle seule le niveau d’incompréhension politique qui s’est durablement installé : « Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ? »

Chaque Français pourra constater lui-même, par conviction ou par obligation, au travers des écogestes qu'il accomplit chaque jour, que la transition écologique ne coûte pas, elle rapporte. Il peut le voir au travers des économies d'énergie, d'eau, du fait de privilégier la réparation et les objets d’occasion, ou de réduire les emballages, et dans sa chasse au gaspillage alimentaire... Il sait que si cela ne lui est pas bénéfique directement, c'est bénéfique pour la France ou son environnement. Dès lors, « financer la transition écologique » c'est simplement prendre les décisions et les mesures nécessaires : programmer la sortie du glyphosate au travers de la PAC (ce que le Président a refusé de faire), conserver les programmes prévus comme la loi Littoral (ce que le Président a refusé de faire), interdire certaines pratiques de chasse (ce que le Président a refusé de faire) ou encore l'huile de palme dans les carburants. Il faut également fermer les centrales nucléaires vétustes pour nous prévenir du danger, abandonner les projets autoroutiers comme le Grand Contournement Ouest de Strasbourg, la montagne d'or de Guyane, maintenir les trains de proximité et de nuit, réorienter des crédits – et ne pas augmenter les crédits – vers le vélo...

Ce Président n'est pas à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux. Le débat pourra peut-être lui apporter des idées, mais en aucun cas ne changera son logiciel politique. Or c'est bien cela qui pose aujourd'hui problème aux Français : des politiques ancrées dans le passé, illusion d'un destin français issu du siècle dernier.

Comme toujours, nous devons laisser sa chance au débat, à l'intelligence collective, aux idées et aux critiques. Mais, avec un tel courrier, force est de constater que le résultat ne résoudra en rien les questions posées, puisqu'elles sont mal posées. Il est toutefois important que l’on soit nombreux à déposer des contributions pour demander plus d’écologie, plus de justice fiscale et la mise en place d’une VIe République. Ainsi, nous prouverons combien ces idées sont répandues dans l’opinion et le Président ne pourra plus ignorer la nécessaire ré-orientation de sa politique pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique.

Il est vraiment temps de tourner la page et de faire en sorte que le prochain grand débat soit les élections... car après tout, les scrutins électoraux ne sont-ils pas des débats ?

Dominique Debras, Alexis Martin, Julien Sage

eelv.nanterre@gmail.com