La séquence du grand débat national ouverte en décembre dernier pour répondre aux revendications des gilets jaunes aura accouché d’une souris.
Quel dommage ! Bien menée, cette séquence aurait pu réconcilier les Français avec leurs élus nationaux et locaux. Il ne fait nul doute que cela aura des conséquences dans les prochains scrutins électoraux, notamment sur le taux de participation.
Alors qu’à aucun moment, les Français, avec ou sans gilet, n’ont parlé de l’âge de départ à la retraite, Emmanuel Macron a annoncé au mois d’avril, une réforme de notre système de protection sociale avec recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, le passage à la retraite par points et réforme de l’assurance chômage. Puis juste après, une réforme du statut de la fonction publique, avec la généralisation de la contractualisation ou encore la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires. Même Nicolas Sarkozy n’avait pas été aussi loin dans la logique libérale !
Or, les aspirations des Français, dont certains s’étaient vêtus de gilets allaient dans le sens d’un rapprochement des citoyens de leurs institutions et de leurs élus : refaire du peuple français un peuple de citoyens. C’est d’ailleurs l’une de leurs principales revendications avec le recours à l’idée de référendum afin d’en faire un instrument de vérification périodique de l’assentiment populaire sur les grandes questions touchant son avenir. En rendant au Parlement seul, la capacité de décider de ce que doit être la loi, Emmanuel Macron aurait renouvelé le principe de la représentation populaire, acquis si précieux de notre histoire.
Le peuple français s’en serait retrouvé reconnu dans sa dignité et cela aurait été le début de la reconquête d’une souveraineté à l’état actif et vivant.
De toutes ces possibilités de rénover le pacte social avec les citoyens, Emmanuel Macron s’est orienté vers la suppression de l’ISF, la baisse de l’impôt sur les entreprises, la suppression de l’EXIT taxe…
Le tout financé par les travailleurs avec la baisse des APL, l’augmentation de la CSG, sans oublier le dépeçage de l’Etat avec la vente du patrimoine public suite aux privatisations d’ADP, ENGIE et FDJ.
C’est donc une occasion ratée qui bien menée aurait permis de renforcer la stature du Président de la République et un sentiment de meilleure écoute des revendications populaires.
Il est donc heureux que certains parlementaires de tout bord se soient saisis de la pétition en ligne pour demander la mise en place d’un référendum d’initiative partagée, comme le prévoit la Constitution. C’est l’une des dernières chances d’espérer un réel débat citoyen sur cette mesure et qui permettra une vraie prise de conscience sur toutes les privatisations ; celles de certaines routes nationales ou le précédent de la privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Il faut donc espérer que ce référendum puisse aller jusqu’à son terme.
C’est à ce prix que la démocratie prendra tout son sens.