La loi PACTE a prévu de confier au capital privé plusieurs établissements publics, comme Aéroports de Paris (ADP), et de baisser la part de l’État dans d’autres entreprises majeures, comme ENGIE dans l’énergie. Pour tenter d’empêcher la privatisation d’ADP, des élus de différentes sensibilités politiques ont mis en œuvre la procédure de référendum d'initiative partagée.
C’est une première : cette procédure permet à un cinquième des membres du Parlement de demander l’organisation d’un référendum. Une fois validée par le Conseil constitutionnel, cette demande doit être soutenue par un dixième des électeurs pour que le référendum ait lieu.
Ce référendum sur la privatisation d’ADP porte en lui-même de nombreux enjeux : les biens publics, la gestion des transports, le renouvellement des formes démocratiques... Jusqu’à présent, ADP était considéré comme un service public national, au regard de son importance stratégique et économique. Il regroupe les aéroports parisiens : Orly, Roissy et Le Bourget, des infrastructures d’intérêt général au service de l’aménagement du territoire. Ainsi, l’aéroport Paris-Charles de Gaulle est le deuxième aéroport d’Europe et le 10e au niveau mondial. Les citoyens doivent pouvoir s’exprimer sur l’abandon de ce service public au secteur privé, une décision qui aura de nombreuses conséquences négatives. D’abord, des pertes de recettes pour l’État (174 millions d’euros de dividendes en 2018). Les privatisations passées, notamment celle des Autoroutes de France, ont montré que ces opérations étaient surtout juteuses pour les acquéreurs, mais n’apportent aucun bénéfice aux usagers et au pays, d’autant plus quand il y a une situation de monopole. Également, perdre le contrôle d’ADP, c’est se priver de moyens de réguler le trafic aérien, facteur d’émissions de gaz à effet de serre. Nul doute que des investisseurs privés privilégieront la rentabilité à cet enjeu.
Mais l’enjeu va bien au-delà d’ADP. D’autres privatisations se profilent. Par exemple, celle de l’exploitation des barrages hydrauliques, patrimoine national essentiel notamment pour la production électrique. Dans ce même secteur, l’éclatement annoncé d’EDF n’est qu’une étape pour davantage privatiser ce groupe. Cette politique de braderie du secteur public au profit des intérêts privés entraînera davantage d’inégalités.
C’est maintenant à chacun et chacune de faire en sorte que les citoyen.ne.s puissent se prononcer. Pour que ce référendum d’initiative partagée ait lieu, il faut que plus de 4,7 millions de signatures (1/10e des électeurs) soient recueillies avant le 13 mars 2020. Si vous rencontrez des difficultés à enregistrer votre soutien de votre domicile, vous pouvez le faire en mairie ou dans les mairies de quartier.