Avec près de 375 000 usagers transportés en moyenne chaque jour, la ligne E poursuit sa croissance au sein du réseau express régional (RER), attirant de plus en plus de voyageurs, notamment en provenance de l’est parisien. Devenue incontournable et indispensable au fil de sa vingtaine d’années d’existence, son prolongement est attendu, suscitant une forte attente de la part de celles et ceux qui l’empruntent régulièrement. En effet, son extension vers l’ouest permettra de soulager une gare Saint-Lazare particulièrement fréquentée – plus de 450 000 voyageurs par jour –, ainsi que des lignes A, B et D qui le sont tout autant – avec une réduction attendue de 15 % de la fréquentation entre Châtelet et Auber et de 12 % entre Gare-du-Nord et Châtelet – tout en offrant une solution de transport inédite pour les Franciliens et les Nanterriens avec une liaison directe entre La-Défense et Gare-du-Nord via Porte-Mail-lot ainsi que de nouvelles correspondances. Enfin, le RER E contribuera, dans le contexte futur des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, au dynamisme de notre ville avec le développement des Groues et de la future gare Nanterre-La-Folie située en plein cœur de ce quartier, à deux pas de l’enceinte sportive Paris-La Défense-Arena.
Cette belle perspective est toutefois remise en cause par une vague de mauvaises nouvelles et autres déconvenues. En octobre dernier, SNCF Réseau annonçait un surcoût de 30 % du montant des travaux, faisant passer la facture de 3,7 à 5,4 millions d’euros. En outre, le report, à mi-2023, de l’arrivée des futures rames Nouvelles Générations (NG), rend, selon la Fédération des associations nationales des usagers de transports d’Île-de-France (FNAUT IDF) tout prolongement, pour des raisons logistiques, vers notre ville impossible à la même date alors que, officiellement, la gare de Nanterre-La-Folie est attendue dans dix-huit mois. Spécialement conçus pour les RER D et E, ces nouveaux trains, conçus par Alsthom, devaient, dès la fin de cette année, permettre aux usagers une amélioration de leurs conditions de voyage mais également, et à terme, une meilleure régularité de la ligne grâce à une fréquence renforcée sur le futur tronçon Nanterre–Rosa Parks avec vingt-deux passages/heure via NexTeo, le futur système d’exploitation automatique de la ligne, lui aussi reporté.
Ces évènements cumulés à la crise sanitaire et à deux crues importantes sur le chantier ont des conséquences majeures sur l’avancée du prolongement. Ils ne sauraient pour autant expliquer à eux seuls la situation actuelle et les dérapages d’un projet, dans les cartons depuis la fin des années 1980 et lancé il y a près de dix ans. Dans ce cadre, l’attitude de l’entreprise ferroviaire – qui peine à prendre ses responsabilités et surtout à apporter des réponses claires aux nombreuses questions légitimes des usagers –, mais également l’opportunisme de Valérie Pécresse – dont la posture porte un préjudice supplémentaire et inutile à une extension maintes fois décalée dans le temps – interrogent. Ce bras de fer pénalise, au final, les voyageurs franciliens, qui, depuis des années, sont en attente d’améliorations nettes dans leurs déplacements du quotidien ainsi que dans la mise en œuvre de nouvelles mobilités mais qui paient les frais d’une « révolution des transports » qui est loin de se vérifier sur le terrain.
Il est inconcevable que Nanterre et les Nan-terriens soient les victimes des errements de la SNCF et de la posture politicienne d’une aspirante à l’Élysée, devenant les grands perdants d’un match dans lequel chacun se renvoie la balle, au mépris des engagements des deux parties. Le prolongement du RER E, essentiel pour notre territoire, doit être préservé, et notre ville sera particulièrement vigilante pour que cette ligne tant attendue desserve bel et bien le quartier des Groues, à la mi-2023, et poursuive sa route vers Mantes-la-Jolie, à l’horizon 2025, comme prévu.