Pour la première fois, après les avertissements des élections présidentielles de 2002 et 2017, l’extrême droite en France était située dans les intentions de vote au second tour de l’élection présidentielle à un niveau comparable à celui du Président sortant. Techniquement, elle s’est retrouvée au seuil de la plus haute marche du pouvoir. Sans revenir sur la méconnaissance absolue de l’enjeu climatique par le RN, la mise en œuvre de son projet était en tout point incompatible avec nos valeurs et engagements. Il laissait craindre un bégaiement de l’histoire la plus délétère dans un contexte géopolitique européen déjà hautement anxiogène, marqué par la prolongation du conflit en Ukraine. Le résultat final constitue en conséquence un moindre mal.
Pour autant, ce soulagement ne peut occulter notre vive déception concernant les résultats de la candidature de Yannick Jadot : 4,43 % Nanterre et 4,6 % France. Il s’agit certes du deuxième meilleur score pour un candidat écologiste à l’élection présidentielle (le premier en nombre de voix), mais au regard de l’urgence à agir dans les trois ans pour tendre vers la neutralité carbone, évoquée par le GIEC dans son dernier rapport, c’est un résultat complètement anachronique et potentiellement tragique pour l’avenir des générations futures. Rien dans les agissements d’Emmanuel Macron sur le quinquennat 2017-2022 ne nous laisse à penser qu’il a pris la juste mesure de l’enjeu climatique et nous n’accordons a priori qu’un crédit très limité à des déclarations d’entre deux tours guidées uniquement par des considérations électoralistes.
Ces résultats électoraux témoignent de la difficulté de convaincre qu’un projet écologique ambitieux et une aspiration à plus de justice sociale sont par nature convergents. À un niveau local, nous sommes satisfaits d’avoir organisé des évènements sur « le pouvoir d’achat, pouvoir de vivre » et sur les pistes pour atténuer la précarité étudiante. Si ces efforts n’ont pas porté leurs fruits à court terme, ils étaient nécessaires pour préparer l’avenir. Nous continuerons plus que jamais de faire face et nous organiserons tout au long de l’année des « cafés des possibles » avec les Nanterriens en nous appuyant sur les synergies entre les groupes locaux EELV et Générations.s de Nanterre. Nous gardons au niveau national l’espoir d’une alliance indispensable, au sein d’un « pôle écologique élargi » ou d’un « arc humaniste », peu importe l’appellation précise dès lors que la détermination à faire face aux enjeux climatiques et de justice sociale, conformément à nos valeurs humanistes, reste intacte. Encore une fois, le scrutin présidentiel incarne une personnification exacerbée du pouvoir. Celle-ci est nuisible car elle mène à un choix de personne plus que de programme. L’élection qui détermine le gouvernement est celle des législatives en juin ; retrouvons-nous y nombreux pour faire valoir un projet de gouvernement solidaire et écologique !
Nous avons certes perdu une bataille électorale, mais la guerre pour le climat et la justice sociale ne fait que commencer. Nos ressources militantes au niveau local sont en ordre de bataille pour recréer du lien dans un pays fracturé et divisé. C’est l’échelon pertinent pour entendre les inquiétudes, convaincre et agir.