Face aux épreuves, parfois tragiques, mais également porteuses d’espoir, auxquelles l’actualité nous confronte, il est impératif d’être réactif et de maintenir un cap, mais surtout de développer notre résilience, c’est-à-dire notre capacité à surmonter durablement les difficultés.
Nous avons toutes et tous été saisis d’un sentiment d’effroi lorsque nous avons appris le décès de Mahsa Amini, jeune iranienne de 22 ans, victime de la tyrannie du régime – théocratique et patriarcal – en place, pour avoir tenté de s’affranchir des diktats locaux, en laissant apparaître dans l’espace public une partie de ses cheveux. La nouvelle de sa mort a provoqué un électrochoc en Iran, au sein d’une génération qui n’estime n’avoir plus rien à perdre. Également, il y a eu une déferlante de témoignages de solidarité dans le monde entier, marquée en France par la diffusion des vidéos d’actrices et d’anonymes prenant l’initiative de se couper une mèche de cheveux pour la liberté et en hommage au combat mené par les femmes iraniennes.
Au sein de notre groupe et en lien avec nos militant·e·s, nous avons prolongé ces initiatives sur les réseaux sociaux (https://www.tiktok.com/@gs.eelv92/video/7156342276271262981?_r=1&_t=8We8oSMga1e&is_from_webapp=v1&item_id=7156342276271262981) et nous comptons nous rendre devant l’ambassade d’Iran pour déposer les mèches recueillies. Nous sommes conscient·e·s que cette action n’est que purement symbolique, mais il est essentiel d’entre¬tenir dans la durée la flamme de la solidarité vis-à-vis du combat mené pour les libertés de la société iranienne.
Toutefois, si la protestation de la jeunesse iranienne s’apparente désormais à une quasi-révolution, l’évolution du mouvement d’opposition reste hautement imprévisible. N’oublions pas que le régime actuel n’a pu renverser le monarque en place en 1979, le Shah d’Iran, qu’à la faveur d’une alliance plurielle avec des ouvriers, universitaires, marxistes, avant de se radicaliser. N’oublions pas non plus les espoirs suscités par les Printemps arabes et les déconvenues qui les ont suivis. Restons donc confiants dans l’élan contestataire des Iranien·ne·s mais prenons toute la mesure des défis qui les attendent, dans une région caractérisée par ses incertitudes géopolitiques et sa propension au chaos.
L’Europe est désormais au cœur de ces incertitudes politiques et nos amis russes – car tous les peuples quelles que soient les errances de leurs dirigeants restent nos amis – payent le prix du pacte faustien visant à renoncer à ses libertés en échange d’une relative aisance matérielle. La démocratie, c’est souvent imparfait, mais le partage de décision reste le meilleur garant de notre protection et capacité à s’organiser pour répondre aux défis futurs. En ce sens, la décision courageuse de l’Union européenne d’affronter une crise énergétique implique un combat pour nos valeurs exigeant des adaptations dans nos modes de vie. Mais, le pull, le châle, le plaid que nous serons contraints de porter cet hiver à la maison – et les hivers prochains – sont le pull, le châle, le plaid de la liberté.
C’est cette approche sur le long terme que nous privilégions à Nanterre dans notre vision de la « sobriété », concept clé à géométrie variable. La sobriété doit se penser sur le long terme et être choisie au lieu d’être subie. Quoi qu’il en soit, avec l’envolée des prix de l’énergie, nous sommes contraints de prendre des décisions d’urgence : report de la mise en route du chauffage, baisse d’un degré de la température des bâtiments communaux et de la piscine, réduction des illuminations pour Noël, diminution de l’intensité de l’éclairage public et accélération du passage au led. Particuliers, petites entre¬prises ou collectivités, nous allons tous payer cet hiver le manque d’anticipation politique au niveau national qui a trop longtemps considéré l’énergie comme une marchandise et non un bien commun. Souhaitons au moins que cette crise soit riche d’enseignements sur l’impérieuse nécessité de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et qu’elle constitue un gisement d’opportunités pour mieux faire et vivre ensemble.